Manifestations en Arménie : RSF dénonce des attaques policières délibérées contre les journalistes
Les forces de l’ordre ont ciblé plusieurs journalistes au cours des récentes manifestations. Certains ont été poussés à terre, d’autres frappés et une journaliste a même été heurté par un véhicule de police. Reporters sans frontières (RSF) tire la sonnette d’alarme et exhorte les autorités arméniennes à faire cesser ces violences et à mener des enquêtes transparentes et indépendantes sur ces attaques.
Alors que des manifestants protestent en Arménie depuis le 19 avril contre un accord sur la cession de territoires à l’Azerbaïdjan – conclu le 16 mai –, au moins cinq journalistes ont été visés par la police.
Le 13 mai à Erevan, le vidéaste du média d’opposition ABCmedia.am Mher Davtyan, a été poussé par un policier jusqu’à tomber dans des escaliers. Le même jour, Nare Gevorgyan, la journaliste d’un autre média d’opposition, Mediahub.am, est heurtée par un camion de police, micro en main et carte de presse au cou. Quelques jours auparavant, le 29 avril, c’est la collaboratrice du média d’opposition Oragir News Ani Nerkararyan qui a été poussée par un agent lors d'une manifestation dans la province de Lori, dans le nord du pays, et s’est blessée à la jambe, selon sa rédaction, alors qu’elle portait ostensiblement sa carte de presse autour du cou. Le 27 avril, alors qu’il se trouvait dans la voiture du fils de l’un des leaders du mouvement d’opposition, le caméraman du site d’actualité Newday.am, Janibek Khachatryan, a quant à lui été brièvement et violemment interpellé par des policiers masqués dans la province du Tavouch, dans le nord-est du pays. Dans cette même région, le 23 avril, un policier a violemment jeté à terre le téléphone d’un reporter du quotidien indépendant Aravot.am, Garik Melkonyan, pour l’empêcher de filmer les forces de l’ordre qui tentaient de déplacer un véhicule.
“Sur fond de conflit historique avec l’Azerbaïdjan, la gestion des manifestations en cours par les forces de l’ordre aggrave l’insécurité des journalistes qui les couvrent. Parfois visés par la police, ils sont aussi régulièrement pris à partie dans la rue et par des personnalités politiques censées garantir la liberté de la presse. RSF exhorte les autorités arméniennes à faire cesser immédiatement ces violences et de lutter contre l’impunité en menant des enquêtes indépendantes et transparentes sur les attaques commises.
Le 19 avril 2024, des habitants de la province du Tavouch se sont indignés après l’entrée en vigueur d’un accord entre les autorités arméniennes et azerbaïdjanaises sur une nouvelle délimitation des frontières, impliquant notamment la reprise par Bakou de quatre villages de la zone. Le 4 mai, menés entre autres par l’archevêque Bagrat Galstanyan, ils ont ainsi entamé une marche de protestation jusqu’à la capitale, Erevan, où ils sont arrivés le 9 mai. Rejoints depuis par des dizaines de milliers de manifestants, ils poursuivent leur action sur la place de la République par des rassemblements réguliers.
À la 43e place sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2024, l’Arménie est confrontée à un niveau sans précédent de désinformation et d'incitation à la haine, notamment sur le conflit territorial du Haut-Karabakh et la menace permanente de guerre avec l'Azerbaïdjan.