Malte : deux tueurs à gages plaident coupable et sont condamnés à 40 ans de prison pour le meurtre de Daphne Caruana Galizia
Le premier procès pénal en lien avec l'assassinat de la journaliste Daphne Caruana Galizia en octobre 2017 à Malte s'est enfin ouvert ce vendredi 14 octobre. Mais coup de théâtre, plutôt que de faire face à un procès complet, les tueurs à gages Alfred et George Degiorgio ont plaidé "coupable" et négocié leur peine – 40 ans de prison au lieu d'une possible condamnation à perpétuité. Cela après avoir longtemps clamé leur innocence et s’être battus pour retarder la procédure judiciaire. Reporters sans frontières (RSF) se félicite de cette condamnation et souligne le besoin que tous ceux impliqués dans l’assassinat de Daphne Caruana Galizia soient traduits en justice.
Ce vendredi 14 octobre, le procès pénal contre deux tueurs à gages, les frères Alfred et George Degiorgio, qui commençait enfin et devait donner lieu à l’audition d’une centaine de témoins avant d’aboutir à un verdict du jury, a connu une conclusion rapide. Les frères Degiorgio ont finalement plaidé la culpabilité et ont négocié leur une peine : 40 ans de prison pour leur rôle dans l'assassinat de Daphne Caruana Galizia. Ils ont également été condamnés à payer une amende de 42 930 euros chacun pour les frais, ainsi que 50 000 euros sur le produit de leur crime.
Les frères Degiorgio sont en détention depuis décembre 2017, quelques mois seulement après que Daphne Caruana Galizia a été tuée par une voiture piégée le 16 octobre 2017. Ce procès, le premier contre des personnes impliquées dans ce meurtre, était attendu depuis longtemps et s’est tenu à la veille du cinquième anniversaire de la mort de Daphne Caruana Galizia. Cinq autres hommes ont été mis en examen en lien avec cet assassinat et attendent leur procès, dont le cerveau présumé Yorgen Fenech.
"Nous nous félicitons de la condamnation d'Alfred et de George Degiorgio, qui marque une étape attendue depuis longtemps vers la justice pour le meurtre de Daphne Caruana Galizia. Près de cinq ans après, il est plus important que jamais de veiller à ce que tous ceux impliqués dans ce crime odieux soient traduits en justice", a déclaré Pavol Szalai, responsable du bureau UE et Balkans de RSF, qui était présent au tribunal à Malte, dans le cadre d'une mission conjointe d'ONG internationales qui se sont rendues dans le pays afin de plaider en faveur de réformes pour la liberté de la presse et participer aux événements commémoratifs de l'anniversaire.
Le procès devait commencer le 4 octobre, mais il a été reporté lorsque Alfred Degiorgio ne s'est pas présenté au tribunal après une hospitalisation due à sa grève de la faim. Le juge l'a déclaré coupable d'outrage à magistrat et l'a condamné à une amende, ordonnant la reprise du procès le 14 octobre. La directrice des opérations et des campagnes de RSF, Rebecca Vincent, a suivi le déroulement de la procédure judiciaire du 4 octobre, ainsi que l'audience du 6 octobre dans le cadre d'une procédure constitutionnelle intentée par les Degiorgio, qui souhaitaient obtenir plus de temps pour la préparation de leur nouvel avocat commis d'office. Les deux frères ont assisté à l'audience du 6 octobre, bien qu'Alfred Degiorgio ait déclaré être trop faible pour se présenter au tribunal deux jours auparavant. Le juge a rejeté le recours constitutionnel le 11 octobre, permettant au procès pénal de se dérouler le 14 octobre comme prévu.
"Nous poursuivons notre campagne pour que justice soit rendue à Daphne Caruana Galizia, non seulement en raison de ce que cela représente pour Malte, mais aussi au niveau international. Trop d'affaires d'assassinats de journalistes sont restées impunies, mais lorsque la justice est rendue, cela envoie un signal clair sur le fait que de tels crimes violents contre des journalistes ne seront pas tolérés. Nous continuerons à suivre de près toutes les procédures judiciaires dans cette affaire et à plaider pour des réformes plus larges de la liberté de la presse qui sont nécessaires et urgentes pour garantir que cela ne se reproduise plus jamais, à Malte ou ailleurs", a déclaré Rebecca Vincent, directrice des opérations et des campagnes de RSF.
Malte est classée 78e sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2022 de RSF, soit 31 places de moins que son classement au moment de l'assassinat de Daphne Caruana Galizia en 2017.