Malaisie : RSF appelle les autorités à abandonner une enquête abusive contre un journaliste
Faisant l’objet d’une enquête pour avoir publié en 2020 un livre censuré en raison de sa couverture controversée, le journaliste et éditeur Kean Wong a été interpellé le 17 octobre. Reporters sans frontières (RSF) appelle les autorités malaisiennes à mettre un terme à une procédure abusive.
Mardi 17 octobre 2023, le journaliste et éditeur malaisien Kean Wong a été libéré après avoir été détenu pendant 24 heures dans un poste de police de Kuala Lumpur. Le journaliste fait l'objet d'une enquête du département des enquêtes criminelles (CID) de la police pour avoir publié, en janvier 2020, un livre sur la politique du pays – Rebirth : Reformasi, Resistance, and Hope in New Malaysia – qui a ensuite été interdit par le gouvernement. Une censure justifiée par sa couverture présentant une caricature des armoiries nationales qui porterait “atteinte à l'ordre public". Kean Wong risque une inculpation pour "sédition", un délit passible d'une peine de trois ans de prison.
"Cette enquête pour ‘sédition’ dont fait l’objet le journaliste Kean Wong relève clairement de la procédure abusive. C’est un signal inquiétant que les autorités malaisiennes envoient à la communauté des médias du pays. Nous les appelons à mettre immédiatement un terme à cette enquête totalement abusive.
Kean Wong travaille régulièrement avec divers médias internationaux, tels que la BBC, The Economist et ABC, et est le cofondateur du Centre malaisien pour le journalisme indépendant (CIJ). Il est récemment rentré en Malaisie après avoir travaillé et vécu en Australie pendant une trentaine d'années.
Dans un communiqué, le directeur exécutif du Centre pour le journalisme indépendant (CIJ), Wathshlah G. Naidu, estime que "l'arrestation de Kean Wong, trois ans après la publication de son livre, témoigne de l’intention de l'État d’entraver l’accès du public à l'information."
Malgré une amélioration de la situation de la liberté de la presse en Malaisie ces dernières années, les journalistes et les médias indépendants restent des cibles régulières des autorités. En janvier 2022, RSF avait dénoncé la procédure-bâillon intentée contre la journaliste d’investigation Lalitha Kunaratnam par la Commission malaisienne contre la corruption (MACC). Également accusée de diffamation, la journaliste avait révélé l’existence de conflits d’intérêts au sein de la MACC.
La Malaisie occupe la 73e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2023, soit le plus haut rang parmi les membres de l’Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN).