Liban : une journaliste victime d’une campagne de haine sur les réseaux sociaux
La journaliste libanaise Yumna Fawaz est victime d’une campagne de haine lancée par des partisans du Hezbollah et du Courant patriotique libre depuis bientôt deux semaines. Reporters sans frontières (RSF) dénonce les méthodes d’intimidation utilisées par certains groupuscules politiques du pays pour faire taire les journalistes.
La journaliste indépendante Yumna Fawaz, qui a travaillé pendant de longues années comme présentatrice pour la chaîne libanaise Al-Jadeed, est récemment devenue la cible d’une campagne de haine sur les réseaux sociaux suite à la publication de tweets dans lesquels elle soulignait la part de responsabilité du président libanais Michel Aoun dans l’explosion du port de Beyrouth.
Au-delà d’être exposée à un déluge d’insultes et de haine, Fawaz est fallacieusement accusée, de façon délirante, sur les réseaux sociaux, d’avoir eu un rapport avec la catastrophe de l’année dernière. En faisant circuler une ancienne vidéo d’un reportage datant de 2012, dans laquelle la journaliste visite un site de production à Idlib où l’opposition syrienne fabriquait des bombes à partir de nitrate d’ammonium, certains internautes prétendent fournir la preuve qu’elle aurait été impliquée dans l’explosion de 2 750 tonnes de la même substance qui a secoué la capitale en 2020.
Contactée par RSF, Fawaz affirme qu’elle compte déposer une plainte pour injure et diffamation contre les responsables de certains groupuscules politiques qu’elle juge être derrière cette campagne de dénigrement orchestrée, notamment le Courant patriotique libre du président Aoun et le Hezbollah.
Elle rappelle également qu’il ne s’agit pas de la première fois qu’elle est visée par des membres du Courant patriotique libre. Il y a à peine deux mois, la journaliste avait été insultée et agressée par une militante du parti; fait pour lequel elle a ensuite porté plainte. Fawaz reçoit également des menaces par Whatsapp et craint de plus en plus pour sa sûreté.
"RSF soutient pleinement la journaliste Yumna Fawaz qui n'a rien fait d'autre que d'appeler à plus de transparence dans un dossier d'intérêt général, déclare la responsable du bureau Moyen-Orient de RSF, Sabrina Bennoui. Nous dénonçons ces méthodes abjectes contre les journalistes libanais, dont certains groupuscules politiques du pays sont devenus coutumiers."
Dans un environnement de plus en plus hostile, les journalistes libanais sont régulièrement victimes de menaces et de campagnes de diffamation sur les réseaux sociaux. En 2020, RSF avait déjà condamné les menaces subies par trois femmes journalistes et appelé les autorités libanaises à assurer leur protection.
Le Liban se situe à la 107e place sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2021.