Liban : RSF condamne la violente attaque contre la chaîne Al-Jadeed
Reporters sans frontières (RSF) dénonce les actes violents commis les 13 et 14 février derniers contre la chaîne de télévision libanaise privée Al-Jadeed par des manifestants en colère à la suite d’une émission jugée insultante envers l’imam Moussa al-Sadr.
Contactée par RSF, la vice présidente de la chaîne Al-Jadeed, Karma Khayat, a affirmé que deux caméramen avaient été blessés en plus des dommages matériels causés au bâtiment de la chaîne. La chaîne a déposé deux plaintes, le 14 février, devant le Procureur général contre des membres du mouvement Amal, filmés lors de l’attaque, mais également contre les propriétaires des comptes sur les réseaux sociaux qui ont lancé des appels à la haine envers la chaîne.
“RSF condamne la violence des manifestants à l’encontre de la chaîne, déclare Alexandra El Khazen, responsable du bureau Moyen-Orient à RSF. Les autorités libanaises doivent enquêter sur ce grave incident et s’assurer que les responsables des actes violents soient traduits en justice afin d’éviter qu’ils ne demeurent impunis et donc tolérés.”
L’attaque s’est intensifiée le 14 février, avec des jets de pierres et de cocktails Molotov et une tentative des manifestants de pénétrer dans les locaux. D’après la chaîne, les manifestants ont incendié l’entrée du bâtiment et causé des dommages importants, dont des vitres et une caméra cassées.
L’émeute a été dénoncée par plusieurs figures politiques. Le Premier ministre Saad Hariri et le président Michel Aoun, ont dû intervenir, notamment pour envoyer l’armée sur les lieux. Cette dernière ainsi que les forces de sécurité se sont alors déployés en force pour mettre fin à la protestation. Le ministre de l’Information, Melhem Riachi, avait lui qualifié l’agression d’"inacceptable”.
“Il ne suffit pas que les autorités calment les choses. Les réelles mesures à prendre sont au niveau de la justice pour punir ceux qui ont attaqué le siège de la chaîne (...) Ces attaques sont une insulte non seulement au paysage médiatique et à la liberté d’expression au Liban mais aussi à l’image du pays”, a estimé la vice-président Khayat.
Ce n’est pas la première fois que la chaîne est victime d’actes violents. En juillet dernier, des individus non identifiés avaient ouvert le feu contre le bureau de Tahsin Khayat, le propriétaire et président du conseil d'administration de la chaîne.
Le Liban figure à la 98e place du Classement 2016 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.