Libération d'un journaliste emprisonné en zone rebelle
Organisation :
Joseph Nkinzo a été libéré le 29 mai 2003. Selon des informations recueillies par l'organisation locale Journalistes en danger (JED), il a été fouetté pendant près de 45 minutes par le responsable adjoint du service de la sécurité du RCD - Goma. En contrepartie de sa libération, le mouvement rebelle a exigé que Joseph Nkinzo soit révoqué par le conseil d'administration de la radio Sauti ya Rehema (La Voix de la Miséricorde), que celle-ci reprenne les éditions d'information de la RTNC - Bukavu et Goma (la chaîne publique contrôlée par le mouvement rebelle) et qu'elle abandonne les émissions à caractère politique pour revenir à une grille de programme entièrement consacrée à l'évangélisation. Ces conditions ont été refusées par la station, qui continue à émettre, mais dont la direction se voit contrainte à vivre dans la clandestinité.
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30.05.2003
Un journaliste emprisonné en zone rebelle
Reporters sans frontières a protesté contre l'incarcération, dans un cachot de la Direction de la sécurité et des renseignements (DSR) du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD - Goma), à Bukavu (est du pays), de Joseph Nkinzo, directeur de la radio Sauti ya Rehema (La Voix de la Miséricorde), le 28 mai 2003.
" Les autorités du RCD - Goma ne supportent pas que les violations des droits de l'homme commises quotidiennement par le mouvement rebelle soient rapportées par les médias. L'incarcération abusive de Joseph Nkinzo n'est qu'un moyen utilisé par le mouvement rebelle pour bâillonner la presse indépendante et d'opposition", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières. L'organisation a demandé aux autorités du RCD - Goma de tout mettre en œuvre pour la libération du journaliste et d'assurer la sécurité des professionnels de la presse en zones rebelles.
Selon les informations recueillies par Reporters sans frontières, le 28 mai à 13h00, deux soldats se sont rendus au bureau de Joseph Nkinzo et l'ont arrêté sur ordre des autorités de la DSR. Ils sont revenus à 15 h00 afin de s'emparer du cahier des charges de la station, de son autorisation de fonctionnement et de sa grille de programmes. Le journaliste n'a été interrogé que le lendemain à 20h00. On reproche à Joseph Nkinzo d'avoir cessé de retransmettre les propos de la RNTC - Goma (radio-télévision contrôlée par les rebelles), et de ne pas se contenter de diffuser des programmes religieux. Le gouverneur de Bukavu a accusé la station de "diffuser des informations politiques et militaires sans autorisation, (…) de s'immiscer dans les affaires du RCD, ce qui risque à long terme de susciter la haine de la population contre les animateurs de ce mouvement salvateur".
Reporter sans frontières rappelle que le 2 mai, Dieudonné Muzaliwa Bulongo, journaliste à la Radio-télévision nationale congolaise (RTNC), station de Kindu (province du Maniema, à l'est du pays), a été torturé par des soldats du RCD - Goma. Par ailleurs, l'organisation exhorte le mouvement rebelle à autoriser la station communautaire Radio Maendeleo, basée à Bukavu, à émettre de nouveau. La station est fermée depuis le 9 décembre 2002.
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Updated on
20.01.2016