En mars 2006, trois ans après le début de la guerre en Irak, Reporters sans frontières dressait un bilan sur les risques encourus par les journalistes dans le pays. Qui étaient ces hommes et femmes de presse assassinés pour avoir exercé leur métier ? Dans quelles circonstances ont-ils été tués ou enlevés ? Par qui ? Cette étude détaillée répond à ces questions.
La guerre en Irak est sans doute le conflit le plus meurtrier pour les journalistes depuis la Seconde Guerre mondiale. A ce jour, 86 journalistes et collaborateurs des médias ont été tués dans le pays depuis le début du conflit, le 20 mars 2003. Soit plus qu'en vingt ans de guerre au Viêt-nam ou que pendant la guerre civile en Algérie.
Le pays est également le plus grand marché aux otages du monde. 38 journalistes ont été enlevés en trois ans. Cinq ont été exécutés. Trois - Jill Carroll, Rim Zeid et Marouane Khazaal - sont toujours aux mains de leurs ravisseurs.
Au Viêt-nam, au moins 63 journalistes avaient été tués, sur une période de vingt ans s'étalant de 1955 à 1975 . Au cours du conflit en ex-Yougoslavie, entre 1991 et 1995, 49 professionnels des médias avaient trouvé la mort dans l'exercice de leur profession. Et en Algérie, 77 journalistes et collaborateurs des médias avaient été tués entre 1993 et 1996, pendant la guerre civile.
Dès le début du conflit, le 20 mars 2003, un journaliste est mort dans un attentat. Paul Moran, cameraman australien de la chaîne ABC, a été le premier de cette longue série. Onze journalistes et collaborateurs des médias ont été tués au cours des mois de mars et avril 2003. Ensuite, les victimes ont été moins nombreuses jusqu'au début de l'année 2004 et la recrudescence des attentats et des actions de groupes armés. Depuis, pas d'accalmie : chaque mois ou presque, un ou plusieurs journalistes ont été tués. 28 professionnels de la presse sont morts dans le pays en 2005, et huit depuis le début de l'année 2006.
Ce bilan a pour objectif de mieux connaître ces journalistes assassinés pour avoir simplement voulu exercer leur métier. Pour quels médias travaillaient-ils et dans quelles circonstances ont-ils trouvé la mort ?
Il dresse également un état des lieux des prises d'otages de journalistes, plus nombreuses que dans n'importe quel autre conflit et qui concernent des ressortissants de nombreux pays, parties prenantes ou non à cette guerre.
C'est la deuxième fois que Reporters sans frontières réalise une pareille étude. L'organisation avait publié la première, le 3 mai 2005, à l'occasion de la Journée internationale de la liberté de la presse.