Les reporters Marc Epstein et Jean-Paul Guilloteau ont été condamnés à une simple amende par la Haute Cour de Karachi. Ils devraient pouvoir récupérer leur passeport et quitter le Pakistan le 13 janvier. Leur collaborateur pakistanais est toujours détenu au secret.
La Haute Cour de Karachi a condamné en appel, le 12 janvier, Marc Epstein et Jean-Paul Guilloteau, reporters de l'hebdomadaire français L'Express, à une simple amende pour violation de la loi sur les étrangers de 1946. Les journalistes devraient récupérer leur passeport et quitter le Pakistan dans la matinée du 13 janvier. Ils avaient été condamnés à six mois de prison le 10 janvier.
Reporters sans frontières se félicite de la décision de la Haute Cour du Sind qui permet une libération définitive des deux reporters français. Nous espérons que cette affaire ne dissuadera pas la presse étrangère de continuer à enquêter, dans le respect de la loi pakistanaise, sur la situation dans les régions frontalières de l'Afghanistan. "Cette décision de justice innocente le journaliste pakistanais Khawar Mehdi Rizvi qui du fait de sa nationalité n'a commis aucune faute en se rendant dans la région de Quetta. Nous vous demandons sa libération sans délai," a écrit Reporters sans frontières dans une lettre adressée au ministre des Affaires étrangères, Mian Khursheed Mehmood Kasuri.
Le 12 janvier 2004, le juge Zawar Hussain Jaffry de la Haute Cour de Karachi a condamné en appel les journalistes Marc Epstein et Jean-Paul Guilloteau à une amende équivalente à 2 700 euros. L'avocat général de la Haute Cour, représentant l'Etat, ne s'est pas opposé au verdict. L'avocat des deux journalistes avait obtenu une comparution en urgence devant la Haute Cour alors que les délais normaux sont très longs. Marc Epstein a déclaré à l'Agence France-Presse : "Nous sommes très heureux et soulagés."
Le 10 janvier, ils avaient été condamnés à six mois de prison pour s'être rendus sans autorisation spéciale dans la région de Quetta (Baloutchistan, ouest du pays).
Par ailleurs, le journaliste indépendant Khawar Mehdi Rizvi, collaborateur de L'Express lors de ce reportage, est détenu au secret depuis le 16 décembre. Le 13 janvier, les autorités devront répondre devant la Haute Cour du Sind de sa situation suite à une demande d'habeas corpus déposée par son avocat, Abid Saqi. Selon certaines sources, il serait incarcéré à Islamabad dans les locaux de l'ISI (services secrets militaires). Il est apparu dans des reportages de la télévision publique PTV. Des témoignages mensongers ont été diffusés par la chaîne qui tentent de faire croire que les trois journalistes avaient fabriqué un faux reportage au Baloutchistan (région frontalière de l'Afghanistan).
Le 29 décembre, le président pakistanais Pervez Musharraf a mis en cause personnellement les qualités professionnelles de Khawar Mehdi Rizvi. Devant les représentants de la Société des journaux pakistanais (APNS), le chef de l'Etat a déclaré : "Ce journaliste free-lance a causé un tort terrible à l'intérêt national en faisant ce faux film sur les taliban et cela pour seulement 2 000 dollars. S'il m'avait contacté, j'aurais pu lui donner 3 000 dollars pour ne pas faire ce film."
Les trois journalistes ont été arrêtés le 16 décembre 2003 à Karachi. Ils venaient de réaliser un reportage sur les groupes taliban à la frontière avec l'Afghanistan.