Le nouveau règlement intérieur du Parti social-démocrate de Madère (PSD-Madère), adopté le 25 août 2014, interdit aux journalistes l'accès à ses locaux. Les professionnels des médias sont désormais exclus des 54 centres du PSD régional, au même titre que les non-militants et... les animaux.
Rédigé par Jaime Ramos, secrétaire-général du PSD-Madère, et approuvé par Alberto João Jardim, président du gouvernement régional depuis plus de 35 ans, ce document interne a pour objet de réglementer l’utilisation des espaces du PSD-Madère lorsqu’ils servent directement au parti, mais aussi lorsqu’ils sont mis à disposition d’un tiers comme le précise son article 1°.
Dans son article 6°, le règlement prévoit donc l’interdiction d’entrer dans les locaux pour les journalistes. Une interdiction qui, dans l’état, s’applique donc à la fois aux locaux politiques du PSD et aux locaux mis à disposition. Une mesure de restriction du libre accès à l’information extrêmement inquiétante.
Le PSD-Madère est une section régionale du PSD portugais, au pouvoir en métropole et à ce titre doublement un acteur majeur du bon fonctionnement de la démocratie. Ses dirigeants doivent le diriger en respectant les droits fondamentaux garantis par la Constitution et la loi portugaises.
Des droits et des valeurs que n’ignorent pourtant pas les responsables du PSD. Dans son article 4°, le règlement interdit l’utilisation des locaux du PSD pour des initiatives "appelant à la violation des valeurs constitutionnelles (...), notamment en ce qui concerne les droits, les libertés et les garanties des citoyens." Un comble.
Le nouveau règlement intérieur du parti régional est le dernier épisode d'une longue succession d'attaques adressées par le PSD-Madère contre les médias locaux et nationaux.
A plusieurs reprises ces dernières années, M. Jardim a ainsi interdit à certains journalistes la couverture de meetings et réunions de son parti. En juin 2005, le président régional avait traité les journalistes de la métropole de “bâtards”.
Le 2 août 2013, il avait déchiré devant la presse un exemplaire du Diário de Notícias da Madeira. Madeira Livre, publication officielle du PSD-Madère, n'est pas en reste. La dernière attaque en date contre des journalistes y remonte à août 2014 : il était promis dans cette édition, "un remède contre la diahrée" à toute personne ayant rassemblé 100 autocollants à l'effigie de trois journalistes.
Le président de l'île maintient également une incontestable influence sur la ligne éditoriale du quotidien Jornal da Madeira, propriété du gouvernement régional et dans laquelle Alberto João Jardim dispose d'une colonne quotidienne. Récemment, ce quotidien a refusé de vendre une page de propagande électorale à l’un des adversaires de M. Jardim à la présidence du parti.
Contacté par Reporters sans frontières pour s’exprimer, le PSD-Madère, par la voix de André Rodrigo de Freitas, a argué d’une indisponibilité chronique de M. Jaime Ramos l’empêchant de répondre à nos questions. Notre organisation a été renvoyée à l’email d’accueil du PSD-Madère, qui ne fonctionnait pas ce 4 septembre 2014.