Les locaux de trois médias et le domicile d’un journaliste pris pour cible
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Reporters sans frontières condamne avec la plus grande fermeté l’attaque perpétrée le 16 août 2013 par quatre individus armés et circulant à moto, dont les identités demeurent inconnues, contre des locaux abritant deux quotidiens et une chaîne télévisée basés à Karashi (province de Sindh), la capitale économique du pays. L’organisation dénonce également l’attentat commis cinq jours plus tôt contre le domicile du journaliste de Khyber News, Zafar Wazir, à Wana (Sud Waziristan).
“Nous sommes choqués par ces deux attaques, qui visent clairement à contraindre les professionnels des médias au silence. L'enquête ouverte sous l’impulsion du Premier ministre doit être menée à son terme, pour permettre d’identifier et de traduire en justice les coupables de l’attaque commise à Karachi”, a déclaré Reporter sans frontières.
“Nous appelons également les autorités du Waziristan à ouvrir une enquête sur l’attentat à la bombe commis contre le domicile de Zafar Wazir. Ces dernières doivent prendre toute la mesure du climat d’insécurité dans lequel évoluent les professionnels des médias dans le pays, et particulièrement dans les régions tribales telles que le Waziristan, où un journaliste a déjà été tué cette année. Elles se doivent de mettre en place des mesures efficaces pour lutter contre la propagation de ces violences”, a ajouté l’organisation.
Selon un rapport du quotidien Express Tribune, 22 balles auraient été tirées contre les locaux abritant la chaîne télévisée Express News, le quotidien en langue ourdoue Express News et le quotidien en anglais Express Tribune, le 16 août dernier. Une femme et un garde présents sur place ont été blessés. D’après les informations collectées, les auteurs de cette attaque auraient directement ouvert le feu sur les gardes.
Le directeur général d’Express News, Ijazul Haq, a indiqué à Reporters sans frontières qu’“aucun indice” ne permet pour l’heure d’identifier les coupables. A Karachi, divers groupes, partis politiques et mafias usent d’intimidation à l’encontre de journalistes et de propriétaires de médias pour les contraindre au silence. Le Premier ministre Nawaz Sharif a ordonné au gouvernement de la province de Sindh l’ouverture d’une enquête.
Le 11 août dernier, un attentat à la bombe a été perpétré contre le domicile de Zafar Wazir, journaliste pour la chaîne télévisée en langue pashtoune Khyber News, à Wana, dans le Sud-Waziristan. “Heureusement, aucun membre de ma famille n’a été blessé par l’explosion”, a confié le journaliste à Reporters sans frontières. La porte d’entrée et trois pièces de son domicile ont été détruites.
Membre de l’Union tribale des journalistes, Zafar Wazir a déclaré ne pas se connaître d’ennemis personnels, et privilégier la piste professionnelle : “Trois ou quatre jours avant l’explosion, j’ai couvert pour Khyber News plusieurs affaires de corruption et de manque d’établissements de soins médicaux à Wana et dans ses environs. Ces articles ont pu déplaire à certains”, a-t-il ajouté, sans accuser nommément ni un groupe taliban, ni le gouvernement. Pour des raisons de sécurité, Zafar Wazir a depuis choisi de s’installer à Peshawar.
Zafar Wazir fait partie des nombreux journalistes tribaux qui ont quitté le Sud Waziristan en 2004 pour des raisons de sécurité, lorsque les violences commises par les Taliban ont commencé à se répandre dans la province. Il est depuis lors établi dans le district de Dera Ismail Khan, à la frontière du Sud-Waziristan. Le 7 février 2005, deux journalistes, Amir Nawab et Allah Noor, ont été tués au cours d’une embuscade menée contre un véhicule transportant un groupe de journalistes à Wana, en vue de couvrir la reddition d’un chef de guerre taliban.
Depuis le début de l’année 2013, six journalistes ont été tués au Pakistan, parmi lesquels Malik Mumtaz Khan, assassiné par balles le 27 février dernier à Miranshah, dans le Nord-Waziristan.
Au Pakistan, les agences de renseignement, les groupes armés baloutches et le Mollah Omar font partie des Prédateurs 2013 de la liberté de la presse, dénoncés par Reporters sans frontières. Le pays se situe à la 159ème place du classement mondial 2013 de la liberté de la presse établi par l’organisation.
Photo : JAHANZAIB HAQUE / Express Tribune
Publié le
Updated on
20.01.2016