Les journalistes de The Trumpet acquittés
Organisation :
Sydney B. Pratt et Dennis Jones, arrêtés et incarcérés le 24 mai 2005 puis inculpés de « diffamation séditieuse », ont été acquittés le 7 juin. Le ministre de la Justice, Frederick Carew, a décidé d'abandonner les charges retenues contre les journalistes à condition que le directeur de publication de The Trumpet publie en Une un rectificatif, ce qu'a fait le journal dans son édition du 31 mai.
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27.05.2005 - Une fois de plus, la loi sur la « diffamation séditieuse » de 1965 entraîne deux journalistes en prison
Reporters sans frontières exprime sa préoccupation face à l'attitude agressive du gouvernement envers la presse, suite à la mise en détention de deux journalistes, Sydney Pratt et Dennis Jones, incarcérés depuis le 24 mai 2005 en vertu de la loi draconienne et tant décriée de 1965, laquelle représente une disposition archaïque et liberticide en Afrique.
« Cet incident nous redonne une triste occasion d'exhorter le président Ahmad Tejan Kabbah à abroger cette loi controversée de 1965 qui a fait tant de mal aux journalistes sierra-léonais et à leur pays. Non seulement le Président continue de faire la sourde oreille, malgré les appels de plus en plus pressants des journalistes et des organisations de défense de la liberté de la presse, mais il en encourage l'usage de cette loi pour brimer les journalistes critiques. Cette attitude agressive est très préoccupante », a ajouté l'organisation.
« Nous appelons une fois de plus à la MINUSIL (la Mission des Nations unies en Sierra Léone) à ne pas se réfugier dans un silence lourd de conséquences et à faire pression pour que cet épisode soit enfin le signal qu'il est temps de bâtir une nouvelle relation entre le gouvernement de Sierra Leone et les médias. La première mesure à prendre est de faire sortir de prison au plus vite Sydney Pratt et Dennis Jones. Pour y parvenir, nous encourageons les journalistes à peser de tout leur poids pour soutenir leurs confrères », a ajouté l'organisation.
Sydney Pratt, directeur de la publication de l'hebdomadaire privé The Trumpet et Dennis Jones, journaliste de la même publication, ont été arrêtés dans l'après-midi du 24 mai. Ils sont accusés de « diffamation séditieuse » au vu de la loi dite « Public Order Act » de 1965 et sont incarcérés au commissariat central de la capitale, le Criminal Investigation Department (CID) de Freetown. Les charges retenues contre les deux journalistes sont basées sur un article intitulé « Kabbah Mad over Carew Bribe Scandal » (« Kabbah en colère à propos du scandale de corruption touchant Carew »). L'article citait notamment une source anonyme qui relatait le « dégoût », la « déception » et la « colère » du Président après la lecture d'une enquête affirmant que le ministre de la Justice, Frederick Carew, avait touché un pot-de-vin.
Convoqués au tribunal dans la matinée du 26 mai après plus de
48 heures de détention, Sydney Pratt et Dennis Jones n'ont toujours pas comparu. Le juge entend refuser leur mise en liberté provisoire, à la demande du ministre de la Justice, selon une source locale.
Par ailleurs, le 10 mai dernier, Mme Fatmata Hassan Komeh, parlementaire et membre du mouvement SLPP (Sierra Leone People's Party, parti au pouvoir), a lancé une offensive personnelle contre la presse indépendante. Elle a ordonné de faire passer à tabac Harry Yansaneh, rédacteur en chef en exercice du quotidien For Di People, pour avoir rapporté des commentaires négatifs sur le gouvernement. Ses deux fils, accompagnés de trois hommes de main, ont fait irruption dans la rédaction et ont tabassé le journaliste, chassé les employés de leurs bureaux, bloquant les accès à la rédaction et endommageant au passage le matériel.
Le même jour, Mme Komeh a contraint six journaux indépendants - The Independent Observer; For Di People, The African Champion, The Progress, The Pool et The Pioneer - à quitter les bureaux qu'ils louaient depuis plus de dix ans. Cette décision faisait suite à l'ordre émis par la parlementaire d'arrêter le générateur électrique de l'immeuble jusqu'à nouvel ordre, empêchant donc l'impression des journaux. La parlementaire a par ailleurs demandé à ces journaux, installés depuis plus de dix ans dans l'immeuble situé au n°1 de la rue Short Street de Freetown, et appartenant au SLPP, de quitter les locaux dès le début du mois mai. La date de départ était initialement prévue pour octobre.
Depuis plusieurs années, les parlementaires du SLPP réclament la possession exclusive de leur immeuble et mènent la vie dure aux journalistes locataires.
Dans ce contexte, Reporters sans frontières réitère son appel solennel à la libération de Paul Kamara, directeur de l'hebdomadaire For Di People, emprisonné en vertu de la loi de 1965 depuis octobre 2004 et condamné à quatre ans de prison pour « diffamation séditieuse » dans un procès qui l'opposait au chef de l'Etat.
Publié le
Updated on
20.01.2016