Reporters sans frontières constate une recrudescence des menaces contre les médias attribuées aux FARC. José Joaquín Chávez, directeur d'une radio dans le département de Tolima, a été obligé de suspendre son média et de s'enfuir, le 3 février, Il est le deuxième journaliste forcé au départ depuis le début de l'année.
Reporters sans frontières condamne les menaces attribuées aux Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), qui ont obligé, le 3 février 2008, José Joaquín Chávez, directeur de la radio communautaire Acción Estéreo et journaliste du quotidien La Voz del Tolima dans le département du même nom (Ouest), à quitter son lieu de résidence et à mettre sa radio en sommeil. L'organisation constate une recrudescence des intimidations de la guérilla envers les médias.
“José Joaquín Chávez est le deuxième journaliste colombien contraint au départ forcé depuis le début de l'année. Fidèles à leur réputation de prédateurs de journalistes, au même titre que les paramilitaires, les FARC ont cette particularité de vouloir soumettre les médias à leur propagande. Les journalistes locaux, les plus exposés au conflit armé, sont les premiers à en faire les frais. Les enquêtes sur ces menaces permettront difficilement d'en punir les auteurs. A défaut, la protection des rédactions doit être renforcée”, a déclaré Reporters sans frontières.
Le 16 janvier 2008, José Joaquín Chávez a reçu un appel sur le téléphone de la rédaction le sommant de ne plus diffuser des appels de l'armée à la démobilisation à l'attention des guérilleros. Le refus de José Joaquín Chávez de se plier à cette exigence lui a valu plusieurs messages menaçants. Le 17 janvier, un correspondant prétendant s'appeler John a adressé à l'antenne de Acción Estéreo des salutations “à la colonne Jacobo Prías Alape des FARC”. Le 1er février, le journaliste s'est vu fixer, par un interlocuteur anonyme, un délai d'une heure pour fermer sa station sous peine de mort. Le 3 février, il a pris la décision de quitter Anzoátegui, où il réside, et Acción Estéreo a cessé d'émettre.
Deux autres affaires liées aux FARC ont été signalées durant la même période. Le 25 janvier, Luis Suárez, directeur de programmes de la chaîne locale Telemar Canal 2 à Buenaventura (Ouest), a reçu une “convocation” à un rendez-vous avec Erminson Gutiérrez alias “Mincho”, commandant du Bloc 30 de la guérilla. Le journaliste a confié à l'organisation péruvienne IPYS (Institut presse et société) avoir été conduit, le 27, par des guérilleros, auprès d'un sexagénaire se présentant comme “Mincho”, lequel lui a ordonné de diffuser à l'antenne un message relatif aux plans des FARC pour l'année 2008. Luis Suarez a raconté l'histoire et retransmis l'interview audio dans son programme. Saisie de l'affaire, la police de Buenaventura a précisé, le 5 février, son intention d'analyser la voix de “Mincho”, jusque-là donné pour mort au combat. La rédaction a certifié qu'il s'agissait bien de sa voix.
Enfin, le 4 février, jour d'une marche internationale contre les FARC, Juan Gossaín, directeur des informations de la radio privée nationale RCN à Carthagène (Nord), a été averti d'attentats contre sa personne et contre toutes les rédactions de son média si RCN se mêlait au cortège. RCN a participé à la marche et Juan Gossaín a fait savoir qu'il ne quitterait pas le pays. Le journaliste a également été sommé d'arrêter de dénoncer des affaires de corruption attribuées à différentes administrations de Carthagène.