Les autorités iraniennes sont responsables du décès d’Hoda Saber
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Reporters sans frontières a appris, le 12 juin 2011, avec une profonde tristesse, la mort du journaliste et écrivain iranien, Hoda Saber, 52 ans, emprisonné depuis août dernier. Le 10 juin, le journaliste, qui se plaignait d’importantes douleurs dans la poitrine, a été transféré à l’hôpital de Modares, au centre de la capitale. Malgré les soins prodigués, il est décédé d’une crise cardiaque quelques heures plus tard. Les responsables de la prison d’Evin n’ont pas daigné informer sa famille. C’est par Internet que ses parents et proches ont appris, le 12 juin, son décès en détention.
« Nous adressons nos plus sincères condoléances à la famille Saber et à l’ensemble des journalistes iraniens. Nous tenons les autorités iraniennes pour responsables du décès d’Hoda Saber. Elles ont procédé arbitrairement à son arrestation et n’ont pas fait le nécessaire pour lui fournir des soins médicaux adéquats. Reporters sans frontières soutient la plainte de la famille et demande que toute la lumière soit faite sur les décès de journalistes et prisonniers politiques en prison », a déclaré Jean-François Julliard, secrétaire général de l'organisation.
Hoda Saber, journaliste pour Iran-e-Farda, avait été arrêté le 12 août 2010. Le 2 juin dernier, il a entamé une grève de faim pour protester contre la mort tragique de sa collègue Haleh Sahabi. Dans la matinée du 10 juin, alors qu’il était très affaibli, il avait informé les responsables de la prison qu’il souffrait de douleurs lancinantes au niveau de la poitrine.
Les autorités pénitentiaires, alors qu’elles étaient parfaitement informées de la grève de la faim entamée par le journaliste, n’ont pas fait le nécessaire pour le transférer à temps à l’hôpital, et ce contrairement aux dispositions prévues à l’article 103 du règlement des prisons qui stipule que « dans les cas d’urgence, le prisonnier malade doit être transféré à l’hôpital sur ordre du médecin ».
Hoda Saber était une figure emblématique de l'opposition iranienne, connue des responsables sécuritaires et judiciaires de la prison d’Evin. En effet, cette arrestation était sa quatrième incarcération en moins de dix ans. En 2003, en compagnie de Reza Alijani, lauréat du prix Reporters sans frontières-Fondation de France en 2001, et de Taghi Rahmani, il avait été condamné à cinq ans de prison au terme d’un procès à huis clos, pour « action contre la sécurité nationale et publication de fausses information dans le but de troubler l’opinion public ». La peine avait été ramenée, un an plus tard, à six mois de prison ferme.
Le 13 juin 2011, 64 prisonniers politiques du dortoir 350 de la prison d’Evin, tous codétenus d’Hoda du journaliste, ont publié un témoignage dans lequel ils affirment que « Hoda Saber, à quatre heures du matin le 10 juin a été conduit à la clinique de la prison d’Evin. Toutefois, deux heures plus tard, malgré de très fortes douleurs, il a été ramené dans sa cellule. Il criait : « Je vais porter plainte contre eux : ils m’ont frappé au lieu de me soigner ».
Ce n'est que quelques heures plus tard que le journaliste a été transféré à l’hôpital de Modares.
Dans cette lettre, ses codétenu ont confirmé que Hoda Saber, avant sa grève de la faim, ne souffrait d’aucune maladie cardiaque.
Publié le
Updated on
20.01.2016