Dans un communiqué daté du 28 juillet 2014, la coordinatrice du Conseil supérieur de l'audiovisuel de la province du Nord-Kivu, Madame Musingi Kongolo Annocie, a intimé l'ordre à tous les médias de la province de ne diffuser aucune information en lien avec la communauté musulmane. Selon elle, cette mesure tend à participer "à la paix et à la cohabitation pacifique au Nord-Kivu". Cette décision, prise le jour de l'Aïd, qui vient célébrer la fin du jeûne des musulmans, force les médias et les journalistes à occulter tout un pan de l'actualité au profit d'arguments sécuritaires non fondés.
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Nous condamnons vivement la mesure liberticide prise par la coordinatrice provinciale du CSAC du Nord-Kivu, déclare Virginie Dangles, adjointe à la direction de la Recherche à Reporters sans frontières.
Cette interdiction est non seulement infondée, mais également imposée en dehors du cadre légal puisque la loi créant l'organe de régulation ne prévoit en aucun cas que le CSAC puisse prendre une telle décision. Nous appelons fermement le CSAC du Nord-Kivu à laisser les journalistes traiter d'une actualité touchant toute une communauté de la société congolaise".
Contactée par Reporters sans frontières, Madame Musingi Kongolo Annocie a déclaré que cette "mesure anticipative" faisait suite à un "appel à la haine" lancé sur une radio, et qu'elle visait à "préserver la paix fragile", sans donner plus de précision.
Cette violation de la liberté d'information n'est malheureusement pas isolée dans un pays où la situation politique est actuellement instable, notamment depuis que des rumeurs de révisions constitutionnelles ont été lancées. A Kinshasa particulièrement, les journalistes en font les frais.
Le 22 juillet
Fabrice Yembo, Delo Demolo et
Girèsse Mabiala, journalistes et cameraman de
Molière TV, une chaîne de télévision privée émettant à la capitale, ont été passés à tabac. Ils réalisaient un reportage sur les tracasseries dont fait l'objet un groupe de taximen-moto quand des policiers se sont dirigés vers eux et les ont agressés avant d'endommager leurs caméras. Ils les ont ensuite pourchassés jusque dans les locaux de la télévision, causant notamment des dégâts dans la salle de réception. L'inspecteur général de la police nationale congolaise a depuis dénoncé ces violences et annoncé qu'une enquête était ouverte. Cela n'a pourtant pas empêché
Rubens Belengel, caméraman d'
Antenne A, une chaîne de télévision émettant à Kinshasa, d'être brutalement interpellé mardi 29 juillet par un groupe de policier alors qu'il couvrait une manifestation des mêmes motocyclistes-taximen.
La République démocratique du Congo figure à la 151e place sur 180 dans le
Classement 2014 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.