Les autorités déclarent close l'enquête sur l'assassinat d'un journaliste contre l'avis de ses collègues

Trente-sept mois après la disparition de Rodolfo Rincón Taracena, le ministère de la Justice de l’État de Tabasco (PGJE) a officiellement bouclé le dossier en concluant que le journaliste du quotidien Tabasco Hoy avait été enlevé et assassiné par des membres de “Los Zetas”, un groupe paramilitaire versé dans le racket et le narcotrafic. “L’enquête ne peut être close tant que les autorités ne démontreront pas légalement que les restes humains trouvés dans une propriété correspondent vraiment à ceux de Rodolfo Rincón Taracena”, nous ont déclaré des confrères du journaliste, disparu le 20 janvier 2007 à Villahermosa. La direction et la rédaction de Tabasco Hoy ont dénoncé des irrégularités dans l’enquête. “Il n’est pas normal que la PGJE ait laissé passer autant de temps avant de rendre publique une information dont elle avait connaissance dès avril 2007, lorsqu’aurait été retrouvé le corps du journaliste”, nous ont-ils fait remarquer. Les journalistes ont également souligné qu’en 2009, le ministère fédéral de la Justice (PGR) avait classé le dossier parce qu’elle “ne pouvait pas confirmer les résultats de la recherche”, alors que le parquet de l’État de Tabasco disposait de toute l’information. Les autorités n’ont jamais appelé les représentants de Tabasco Hoy à témoigner au cours de l’enquête. Selon les déclarations des individus arrêtés dans le cadre de cette affaire, Rodolfo Rincón Taracena a été enlevé, torturé, mutilé et brûlé par des “Zetas” en raison d’informations relatives au narcotrafic. Il venait de consacrer une enquête aux points de vente de drogue dans les quartiers d’Atasta et de Tamulté à Villahermosa, et avait cité les noms de certains dealers. Nous soutenons la demande des journalistes de Tabasco Hoy. Les autorités fédérales et celles de l’État de Tabasco ne peuvent conclure l’enquête tant que tous ces éléments n’ont pas été confirmés. Pays le plus meurtrier du continent pour les journalistes, le Mexique compte trois tués depuis le début de l’année 2010.