Les États-Unis à la 41ème place du Classement mondial de la liberté de la presse
Les États-Unis progressent au Classement mondial de la liberté de la presse, publié par Reporters sans frontières (RSF) ce 20 avril. A la 49ème place en 2015, le pays se classe maintenant 41ème. Cette trajectoire positive en comparaison dissimule des évolutions négatives dans l’absolu.
Les États-Unis passent de la 49ème à la 41ème place au Classement mondial de la liberté de la presse, dont la dernière version a été publiée par Reporters sans frontières (RSF) le 20 avril. Les Etats-Unis dépassent désormais la France (45ème), mais sont toujours derrière le Canada (18ème).
Après des mois de consultations avec le gouvernement américain - qui ont inclus RSF - le Président Barack Obama a rencontré en juin 2015 les anciens otages et les familles de citoyens américains détenus à l’étranger et a révélé une nouvelle politique des otages. RSF a salué des avancées réelles, notamment la possibilité de négocier avec les ravisseurs et de mieux impliquer les familles des otages, mais rappelle que les autorités américaines doivent désormais se montrer à la hauteur des espoirs suscités par leurs annonces. Austin Tice, le dernier journaliste américain manquant encore à l'appel, ou retenu otage à l’étranger depuis la libération de Jason Rezaian d’Iran, est toujours porté disparu en Syrie.
En janvier 2015 le Département de la Justice (DOJ) a mis fin au harcèlement judiciaire dont faisait l’objet le journaliste du New York Times James Risen. Pendant des années, le DOJ a essayé de l’obliger à révéler ses sources pour son livre sur la CIA et l’a menacé d’emprisonnement s’il refusait. Par ailleurs, la remontée des États-Unis au classement est également due au fait que toutes les charges liées à l’activité de journaliste à l’encontre de Barrett Brown, ancien collaborateur de Vanity Fair et du Guardian et aujourd’hui contributeur de The Intercept, ont été abandonnées en mars 2014. Il n’est plus en prison en raison de ses activités professionnelles.
Le principal facteur d’inquiétude reste l’obsession de l’administration Obama de contrôler l’information, qui transparait à travers la guerre menée contre les lanceurs d’alerte et les sources des journalistes, mais aussi le manque de transparence du gouvernement constamment dénoncé par les journalistes américains. L’administration Obama a poursuivi plus de lanceurs d’alertes que toutes les précédentes administrations réunies. Jeffrey Sterling, ancien agent de la CIA condamné en janvier 2015 sur la seule base de métadonnées est aujourd’hui en prison.
Le sort réservé aux journalistes dans l'élection présidentielle américaine est également préoccupant. Depuis que les primaires ont commencé l’été dernier, des reporters ont vu leur accès régulièrement réduit aux évènements de campagne par les candidats des deux partis politiques et ont été la cible d’insultes et même d’intimidation sur les réseaux sociaux. RSF continue de s’inquiéter des arrestations régulières de journalistes couvrant les manifestations du mouvement #Blacklivesmatter, notamment à Baltimore ou à Minneapolis, "Des améliorations à la liberté de la presse sont encore nécessaires au pays du premier amendement", déclare Delphine Halgand, directrice de Reporters sans frontières aux Etats-Unis.
Publié chaque année depuis 2002 à l’initiative de RSF, le Classement mondial de la liberté de la presse mesure le degré de liberté dont jouissent les journalistes dans 180 pays grâce à une série d’indicateurs (pluralisme, indépendance des médias, environnement et autocensure, cadre légal, transparence, infrastructures, exactions).