Un tribunal militaire, réuni le 28 novembre dans la prison de Rangoon, a condamné à mort Zaw Thet Htwe, rédacteur en chef du magazine sportif First Eleven, pour "trahison". Reporters sans frontières et la Burma Media Association défient la junte militaire de fournir les preuves de l'implication de ce journaliste dans une tentative de coup d'Etat.
Le 28 novembre, un tribunal militaire a condamné le journaliste sportif Zaw Thet Htwe et huit autres personnes à la peine de mort pour avoir tenté d'assassiner les dirigeants de la junte militaire.
Reporters sans frontières et la Burma Media Association sont indignées par cette décision de justice à l'encontre d'un journaliste. "Votre gouvernement démontre une fois de plus son attitude criminelle envers des journalistes qui refusent de se plier aux ordres. Nous demandons la révision du procès et l'annulation des charges qui pèsent contre les prévenus", ont écrit les deux organisations dans une lettre adressée au Premier ministre, le général Khin Nyunt. "Nous vous défions de nous fournir les preuves de l'implication de ce journaliste dans une tentative de coup d'Etat", ont affirmé Reporters sans frontières et BMA au chef du gouvernement.
Le 28 novembre 2003, Zaw Thet Htwe, rédacteur en chef du magazine sportif First Eleven (Premier Onze), a été condamné par un tribunal militaire de Rangoon à la peine de mort pour avoir tenté d'assassiner des dirigeants du SPDC (junte militaire au pouvoir). Les autres condamnés sont l'avocat Aye Myint, Zaw Zaw, Zar Naing Htun, Ne Win, Shwe Mann, Than Htun, Myo Htway et Nai Min Kyi. Ils ont été jugés en vertu de l'article 122/1 de la loi sur la haute trahison. Selon le magazine Irrawaddy, la dernière exécution publique en Birmanie date de 1988.
Tous les accusés avaient été arrêtés le 17 juillet 2003 par des membres de la police militaire (Military Intelligence, MI). Zaw Thet Htwe avait été interpellé dans les locaux de la rédaction de First Eleven à Rangoon. Quatre autres journalistes du magazine avaient été détenus pendant quelques jours.
Le 26 juillet, un responsable de la junte militaire, le colonel San Pwint, avait annoncé que les services de sécurité avaient déjoué une série d'attentats à la bombe dans lesquels étaient impliqués douze suspects, dont Zaw Thet Htwe. Ces derniers sont également accusés d'avoir été en contact avec des organisations politiques en exil.
Le journaliste sportif, un ancien détenu politique qui a déjà purgé une peine de quatre ans de prison au début des années 1990 pour ses activités militantes dans le Parti démocrate pour une nouvelle société (DPNS), aurait été torturé pendant les interrogatoires.
Son arrestation serait en réalité liée à la publication d'un article dans le First Eleven sur un don de la communauté internationale de quatre millions de dollars pour promouvoir le football en Birmanie. First Eleven s'interrogeait sur l'utilisation de cette somme. Peu après, le magazine sportif le plus populaire du pays (50 000 exemplaires) avait diffusé un article sur une amende imposée par les organisateurs d'un tournoi asiatique de football (Asian Champion Club) à une équipe de football birmane qui n'avait pas participé à ces rencontres. Le 24 juillet, la junte militaire avait démenti les affirmations de Reporters sans frontières et de BMA selon lesquelles l'arrestation de Zaw Thet Htwe était liée à son travail de journaliste.