RSF a protesté contre la décision du ministre de l'Information de soumettre le quotidien panarabe Al Hayat à la censure préalable avant sa distribution dans le pays. Cette mesure reflète une nouvelle fois la volonté du pouvoir de sanctionner toute critique des médias.
Dans une lettre adressée au ministre de l'Information, Fouad Al-Farsi, Reporters sans frontières (RSF) a protesté contre la récente décision de soumettre le quotidien arabe Al Hayat à la censure préalable. "Alors que la situation de ces derniers mois avait laissé penser que la presse se libéralisait un peu dans le royaume, force est de constater que les autorités font aujourd'hui machine arrière. C'est la deuxième fois en l'espace d'une semaine que les autorités exercent des pressions sur des journaux importants. Ces mesures reflètent une volonté du pouvoir de sanctionner toute critique des médias à l'égard de Riyad", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières. L'organisation a rappelé qu'elle avait fait figurer, en novembre dernier, le roi Fahd Ibn el Seoud parmi les prédateurs de la liberté de la presse.
Suite à un ordre du ministre de l'Information, Fouad Al-Farsi, le quotidien Al Hayat est soumis, depuis le 22 mars, à la censure avant sa distribution dans le pays. Cette mesure intervient après que Daoud Shourayan, chef du bureau du journal à Riyad, a critiqué, dans un éditorial daté du 21 mars, les propos tenus par le ministre lors d'une réunion avec les rédacteurs en chef des journaux locaux durant laquelle il avait évoqué, entre autres, le thème de la censure. Or le ministre avait récemment interdit à la presse de les publier. Daoud Shourayan avait notamment jugé que ce qui avait été dit lors de cette rencontre n'était pas des "secrets d'Etat". Un décret royal avait autorisé, en 2001, la distribution d'Al Hayat (propriété du prince Khaled bin Sultan, fils du ministre de la Défense) sans censure préalable, comme c'était le cas pour les autres journaux saoudiens et l'autre quotidien panarabe Asharq al-Awsat.
Par ailleurs, le 18 mars, le ministre de l'Intérieur, le prince Nayef, a ordonné le licenciement de Mohamed Al-Mokhtar Al Fal, rédacteur en chef du quotidien privé El Madina, après la publication, le 10 mars, d'un poème d'Abdel Mohsen Mossalam. L'auteur de ce texte, intitulé "Les gens corrompus de la terre", accusait certains juges de corruption et d'abus. "Il est triste de voir que dans le monde musulman la justice souffre de quelques juges qui n'ont pour préoccupation que leurs comptes bancaires", écrivait notamment Abdel Mohsen Mossalam, l'un des écrivains et poètes les plus connus d'Arabie saoudite. Le 16 mars, ce dernier a été arrêté et conduit dans une prison de Djedda pour avoir écrit ce poème.