Le Parlement acte la mort de l’Internet libre en Russie
Les députés russes ont approuvé, le 21 juillet 2017, deux lois visant à interdire les outils de contournement de la censure en ligne et renforçant le contrôle des autorités sur les moteurs de recherche et les services de messagerie. Pour RSF, ces textes actent la mort de l’Internet libre en Russie.
Les législateurs russes ont adopté, en ce dernier jour de session parlementaire avant les vacances estivales, une pluie de propositions de lois. Parmi elles, deux textes dénoncés par RSF, qui marquent un tournant dans la censure de l’Internet russe.
Le premier texte vise à colmater les brèches dans le dispositif de censure d’Internet. Il oblige ainsi les programmes et logiciels permettant de contourner le blocage de sites web (VPN, proxy servers, réseau Tor...) à respecter la liste noire des sites interdits en Russie. A défaut, leurs services seront à leur tour rendus inaccessibles. Les moteurs de recherche, quant à eux, se voient obligés de déréférencer les sites bloqués en Russie. La deuxième loi porte quant à elle sur les services de messagerie instantanée tels que Whatsapp, Telegram, etc. Elle impose une authentification des utilisateurs sur la base de leur numéro de téléphone, et permet aux autorités de bloquer certains abonnés ou messages.
“L’Internet libre vit ses dernières heures en Russie, déclare Johann Bihr, responsable du bureau Europe de l’Est et Asie centrale à RSF. Comme nous le craignions, la Douma a opté pour un renforcement drastique de la censure et de la surveillance des internautes. Nous dénonçons à nouveau cette inflation législative liberticide qui piétine les droits des citoyens russes et menace le secteur numérique.”
L’approbation de ces textes par la chambre haute et leur promulgation par le président Vladimir Poutine sont des formalités. La loi anti-VPN doit entrer en vigueur le 1er novembre. La loi sur les messageries, le 1er janvier 2018. Leur application risque toutefois de se heurter à d’importants obstacles techniques.
La Russie occupe la 148e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi en 2017 par RSF.