Reporters sans frontières condamne l’arrestation de
Yin Yusheng, journaliste d’investigation, le 21 juin 2014, à Dalian (Nord-Est), après sa participation à une cérémonie de commémoration de l’ancien Premier ministre Zhao Ziyang, en février dernier. Secrétaire du Parti communiste en 1989, Zhao Ziyang avait été destitué de ses fonctions pour s’être opposé à l’instauration de la loi martiale et à la répression des manifestations de Tiananmen. Yin Yusheng est actuellement détenu dans un centre de détention de Zhengzhou (province du Henan).
Jiang Lijun a, pour sa part, été interpellé en mai dernier et formellement arrêté le 25 juin 2014, pour avoir publié des informations en ligne qui auraient été jugées embarrassantes pour le Parti. Accusé d’”incitation à la subversion du pouvoir d’Etat”, il est actuellement détenu au centre de détention n°1 de Shenyang. Egalement suspecté de “création de perturbation”, l’écrivain freelance, déjà
condamné à quatre ans de prison en 2003, a été emmené de chez lui, sans avoir pu informer quiconque de sa famille, par la police de Shenyang (province du Liaoning, nord-est de la Chine), puis a été placé en détention criminelle.
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Que ce soient des représailles à des publications embarrassantes pour le gouvernement ou des mesures préventives à l’encontre d’’éternels suspects’, ces arrestations sont intolérables", déclare Benjamin Ismaïl, responsable du bureau Asie-Pacifique de Reporters sans frontières.
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Les interpellations de Yin Yusheng et de Jiang Lijun illustrent l’éventail des méthodes employées par la police pour museler tous ceux qui tentent d’effectuer leur travail d’information de manière indépendante: arrestations sous formes d’enlèvements, isolement vis-à-vis des proches, accusations vagues liées à la sûreté de l’Etat, procès d’intention systématiques et piratage de comptes par les autorités qui mènent avec férocité la campagne de répression du Parti communiste chinois”, ajoute-t-il.
Quelques jours avant son arrestation, Yin Yusheng avait déclaré à l’un de ses anciens collègues craindre une détention prochaine. Le 21 juin, le journaliste était parvenu à publier sur son compte Weibo une photo le montrant menotté, assis à l’aéroport. Plus tard dans la soirée, des sources ont affirmé avoir remarqué que son compte Weibo avait été piraté, probablement afin de “récolter” des preuves contre Yin Yusheng. Depuis son arrestation, la famille du journaliste a cherché, en vain, à obtenir des informations auprès de la police.
Ancien collègue du journaliste
Li Jianjun, Yin Yusheng a notamment enquêté sur des affaires de corruption et de reconstruction suite au tremblement de terre dans la province du Sichuan. Il est également connu pour avoir soutenu le journaliste
Chen Baocheng après son interpellation en août 2013 lors d’une manifestation contre une expropriation forcée. Yin Yusheng a également été l’un des journalistes à couvrir l’affaire “
Mon père est Li Gang”. Ce scandale avait éclaté en octobre 2010, quand Li Qiming avait renversé en voiture deux étudiantes dont l’une décéda. Lors de son arrestation, cet étudiant à l’université du Hubei avait menacé les policiers affirmant: “Mon père est Li Gang”, le chef adjoint du commissariat de police d’un quartier de Baoding. Malgré les tentatives des autorités pour étouffer l’affaire, l’expression “Mon père est Li Gang” est rapidement devenue le moyen de se dérober avec humour de toute responsabilité. Suite à sa couverture de l’affaire, Yin Yusheng avait été licencié du
Chengdu Business Daily (
Chengdu Shangbao,
成都商报).
La Chine se positionne à la 175e place sur 180 pays dans le
Classement mondial de liberté de la presse 2014 établi par Reporters sans frontières.