Le journaliste radio philippin Rex Cornelio sauvagement abattu
Célèbre pour ses enquêtes dénonçant les affaires de corruption dans la province du Negros oriental, dans le centre des Philippines, Rex Cornelio a été tué de cinq balles. Reporters sans frontières (RSF) demande la mise en place d’une équipe d'enquêteurs indépendants pour faire la lumière sur ce crime odieux.
Il a été abattu à bout portant. Le journaliste radio Cornelio Pepino, connu de ses auditeurs sous le nom de Rex Cornelio, est mort sur le coup après que deux hommes à moto lui ont tiré dessus à cinq reprises, hier soir, mardi 5 mai vers 20 h 30, à Dumaguete, au centre de l’archipel philippin. Le journaliste rentrait vers son domicile après avoir terminé de présenter son émission Pokpokin Mo Baby! (“Frappe fort, baby !”), diffusée sur la station dyMD Energy FM 93.7.
Le lieutenant de police Allen June Germondo, en charge de l’enquête, a affirmé étudier l’hypothèse d’un meurtre lié au travail du journaliste qui, en plus d’animer son émission de radio, s’était taillé une solide réputation d’enquêteur pugnace dans sa province du Negros oriental.
De fait, il avait dénoncé plusieurs affaires de corruption, de pots-de-vin et d’exploitations minières illicites. Le gouverneur de la province, Roel Degamo, l’avait d’ailleurs attaqué en diffamation en 2014, avant que le journaliste soit finalement acquitté en 2017.
“Un sérieux faisceau d’indices laisse clairement penser qu’on a voulu faire taire Rex Cornelio parce que ses activités journalistiques dérangeaient, remarque Daniel Bastard, responsable du bureau Asie-Pacifique de RSF. Alors que l’administration philippine se targue d’avoir mis en place une Force de travail présidentielle sur la sécurité des médias, il est urgent que celle-ci se saisisse de l’enquête et diligente une équipe indépendante pour la mener à bien. Le cercle vicieux de l’impunité des crimes commis contre les journalistes doit cesser.”
Seize journalistes abattus
Si le mobile professionnel est confirmé, Rex Cornelio sera le seizième journaliste tué en raison de son travail sous la présidence Duterte.
Dans la même ville de Dumaguete, le commentateur radio Dindo Generoso avait été abattu de huit balles en novembre dernier, selon un modus operandi similaire à celui de l’assassinat de Rex Cornelio. Le journaliste dénonçait notamment des malversations financières liées à un système de paris.
En mai 2018, toujours à Dumaguete, un autre journaliste radio, Edmund Sestoso, avait lui-même succombé à ses blessures après avoir été visé par un homme à moto. Il était célèbre pour ses décryptages des conflits qui opposent les différents clans qui gouvernent le Negros oriental.
L’assassinat de Cornelio Pepino est intervenu le même jour de l’annonce brutale, par la Commission nationale des télécommunications, d’un ordre de cessation d’activités émis à l’encontre du principal groupe audiovisuel philippin, ABS-CBN. De fait, ses chaînes de télévision et de radio ont cessé d’émettre hier soir.
En chute de deux places par rapport à 2019, les Philippines se situent à la 136e place sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2020 établi par RSF.