Le journaliste hondurien Julio Ernesto Alvarado, déjà visé par un procès abusif et victime de l’acharnement des autorités, n’a pu quitter le pays pour se rendre à la Commission inter-américaine des droits de l’Homme (CIDH) afin de plaider sa cause.
Ce mercredi 20 septembre, alors qu’il devait se rendre à Washington pour défendre son cas auprès de la CIDH, le journaliste de
Radio Globo y TV Julio Ernesto Alvarado s’est vu interdit de sortie du territoire par la Direction de l’Immigration du Honduras et n’a pas pu prendre l’avion à temps. La raison invoquée : son passeport aurait été volé dans les années 70 par un individu dangereux, qui aurait commis plusieurs délits dont un homicide volontaire. Après avoir exposé cet “argument”, les autorités lui ont demandé de se rendre à San Pedro Sula, une ville située à quatre heures de route de Tegucigalpa, la capitale, pour obtenir plus d’informations auprès de la justice locale.
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RSF dénonce les manœuvres des autorités honduriennes, elles n’ont pas à empêcher le journaliste de témoigner et plaider son cas auprès de la Commission inter-américaine des droits de l’Homme (CIDH). Julio Ernesto Alvarado est victime d’un acharnement judiciaire depuis 2013, déclare Emmanuel Colombié, chef du Bureau Amérique latine de RSF.
Tous les recours nationaux ont été épuisés, en dépit des mesures préventives ordonnées par la CIDH qui devaient suspendre temporairement les procédures contre lui, le temps de l’examen de son dossier.”
Une fois de plus, un pays membre de l’Organisation des états américains (OEA) ne respecte pas ses engagements. Julio Ernesto Alvarado devait participer à une réunion de travail au sein de la CIDH abordant sa situation, et plus précisément la non-application d’
une mesure préventive émise en sa faveur le 5 novembre 2014. Il devait également plaider pour la suspension d’une décision de la justice hondurienne lui interdisant purement et simplement d’exercer la profession de journaliste pendant 16 mois.
Julio Ernesto Alvarado avait voyagé à plusieurs reprises hors de son pays, sans le moindre souci jusqu’ici. L’implication du gouvernement du président du Honduras, Juan Orlando Hernandez, dans cette interdiction de sortie du territoire paraît évidente. Ce même gouvernement a eu du mal à accepter cette mesure préventive de novembre 2014, avant de l’ignorer purement et simplement via
une décision de la Cour suprême, en septembre dernier.
Julio Ernesto Alvarado est poursuivi pour diffamation, à la suite d’une plainte déposée en 2006 par l’ancienne doyenne de l’Université nationale des sciences économiques du Honduras, Belinda Flores Mendoza. Elle lui reproche d’avoir diffusé dans son programme “Mi Nación”, sur
Globo TV, des informations concernant des charges portées contre elle par la Cour suprême.
Le Honduras est classé à la
132e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse de RSF.