Reporters sans frontières condamne la nouvelle directive promulguée par le Parti communiste vietnamien qui tend à renforcer le contrôle sur les cybercafés et les journaux en ligne. A partir du 30 juillet prochain, les propriétaires des cybercafés seront dans l'obligation de contrôler l'identité des internautes et de leur interdire l'accès aux sites « pornographiques et subversifs ». Ils devront également suivre une formation pour mieux "surveiller" leurs clients.
Reporters sans frontières dénonce la directive promulguée par le Parti communiste vietnamien (PCV) visant à renforcer la surveillance des quelques 5 000 cybercafés du pays, en faisant des propriétaires des auxiliaires de police. Ce nouveau texte tend également à resserrer le contrôle sur les journaux en ligne qui, selon les autorités, "fournissent des informations et des articles sensationnalistes, tandis que d'autres publient même des informations réactionnaires et diffamatoires ainsi qu'une culture dépravée".
« Bien que le gouvernement tente de se justifier en invoquant la sécurité et la défense nationale, force est de constater qu'il s'agit d'une manœuvre très claire pour étouffer les voix dissidentes. Ce sont les libertés individuelles qui font dramatiquement les frais d'une telle loi, a déploré Reporters sans frontières. Ces mesures sont en complète contradiction avec les principes de libre entreprise de l'Organisation mondiale du commerce auquel le Viêt-nam tente d'adhérer. »
La directive interministérielle sur le contrôle des cafés Internet, décidée conjointement par le ministère de la Sécurité publique et le ministère de la Culture et de l'information, prendra effet le 30 juillet 2005. Elle reprend notamment un décret édicté l'an passé dont la mise en œuvre n'avait pas été réellement effective, et qui exigeait des propriétaires des cybercafés de tenir un registre de tous leurs clients des trente derniers jours.
Avec cette nouvelle directive, les propriétaires devront également suivre une formation de six mois pour apprendre à mieux "surveiller" leurs clients. Le journal officiel Tin Tuc (Les Nouvelles) avait précisé, le 21 juillet, que les responsables d'établissement devront contrôler l'identité des internautes et leur interdire l'accès aux sites « pornographiques et subversifs ». Le quotidien avait cité un propriétaire d'un café Internet de la capitale : « Je ne peux pas examiner la carte d'identité des clients car ils partiraient tout de suite ». Par ailleurs, les cybercafés devront fermer à minuit et leur fréquentation sera interdite aux internautes de moins de 14 ans non accompagnés.
Reporters sans frontières rappelle que trois cyberdissidents sont toujours emprisonnés au Viêt-Nam, Nguyen Khac Toan, Nguyen Vu Binh et Pham Hong Son. Ce dernier a été condamné à cinq ans de prison ferme pour avoir traduit et diffusé sur Internet un article intitulé "Qu'est-ce que la démocratie ?", téléchargé sur le site de l'ambassade des Etats-Unis au Viêt-nam.