Le directeur de Radio Cadena Voces contraint de s'exiler par crainte d'être tué
Organisation :
Dagoberto Rodríguez, directeur de Radio Cadena Voces (RCV), a quitté le Honduras le 1er novembre 2007 avec sa famille, après qu'un agent de police l'a averti que des tueurs à gages avaient été engagés pour l'assassiner. Deux semaines auparavant, Carlos Salgado, journaliste très populaire de RCV, a été tué par deux inconnus devant les locaux de la station.
“Le 29 octobre des policiers se sont rendus à RCV pour me mettre en garde de ne pas sortir de la radio parce qu'ils avaient appris que des tueurs à gages me cherchaient pour m'assassiner dans les 72 heures. J'ai immédiatement contacté le commissariat des droits de l'homme qui a envoyé des personnes de confiance pour me protéger”, a déclaré le journaliste à Reporters sans frontières. “Je n'aurais jamais cru devoir quitter mon pays comme ça. Je ne sais pas faire autre chose que du journalisme. J'ai peur et je me sens triste, car au cours des dernières vingt-quatre heures, ma vie a pris un tournant inimaginable”, a-t-il ajouté.
Avant cet avertissement, Dagoberto Rodríguez avait remarqué que des inconnus le suivaient systématiquement en voiture.
L'enquête concernant l'assassinat, le 18 octobre dernier, de Carlos Salgado, présentateur de l'émission satirique “Haricot Noir le terrible”, a donné lieu à l'arrestation d'un suspect, Germán David Almendárez, le 27 octobre. Mais d'après des sources au sein du Bureau du procureur, il n'y aurait aucune preuve permettant de l'inculper.
RCV est réputée pour ses positions critiques à l'égard du gouvernement du président Manuel Zelaya, et plusieurs de ses journalistes ont fait l'objet d'intimidations.
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30.10 - Un suspect arrêté, relâché puis à nouveau arrêté dans l'enquête sur l'assassinat du journaliste Carlos Salgado
Le 28 octobre 2007, la police hondurienne a arrêté une nouvelle fois Germán David Almendárez Amador, détenu deux jours auparavant dans le cadre de l'enquête sur l'assassinat par balles du journaliste satirique Carlos Salgado de la station Radio Cadena Voces, puis relâché quelques heures plus tard faute de preuves.
La police a trouvé dans l'un des domiciles du suspect, âgé de 29 ans, un pistolet de calibre 9 millimètres, qui pourrait être l'arme du crime. Dans un premier temps, le procureur des délits communs (Fiscalía de Delitos Comunes) a ordonné sa remise en liberté, après avoir constaté que les preuves étaient insuffisantes et que les documents présentés par la police présentaient manifestement des inexactitudes et des modifications. Cette décision a été vivement critiquée par la police, et par le ministère public qui a ordonné une investigation sur la procédure suivie par le procureur. Germán David Almendárez Amador est connu des services de police pour deux délits commis en 2002.
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19.10 - Assassinat d'un journaliste et animateur d'une radio dans le collimateur du gouvernement
Reporters sans frontière exprime son indignation après l'assassinat par balles de Carlos Salgado, journaliste satirique de la station Radio Cadena Voces (RCV), le 18 octobre 2007 à Tegucigalpa. Plusieurs employés de cette radio, connue pour ses positions critiques à l'égard du gouvernement, ont récemment reçu des menaces.
"L'assassinat de Carlos Salgado confirme la détérioration dela liberté de la presse au Honduras (87e dans le classement mondial de Reporters sans frontières). Le climat de plus en plus exécrable entre le gouvernement de Manuel Zelaya et les médias contribue, hélas !, à cette situation. Nous attendons des autorités, que nous ne saurions rendre directement responsables de la mort du journaliste, une élucidation rapide de l'affaire. Nous les appelons également à faire preuve de davantage de tolérance face aux critiques des médias", a déclaré l'organisation.
Carlos Salgado, connu sous le surnom de "Haricot noir le terrible" (“Frijol el terrible”), qui est également le titre de son émission d'humour et d'informations, est sorti des locaux de RCV dans l'après-midi du 18 octobre. Alors qu'il s'apprêtait à traverser, deux inconnus à bord d'une camionnette ont ouvert le feu à sept reprises dans sa direction, le tuant sur le coup.
Selon Dagoberto Rodríguez, le directeur de RCV, Carlos Salgado, très populaire, n'avait manifestement reçu aucune menace de mort. "On ne peut pas désigner de responsables, mais il ne faut pas oublier que la relation entre Radio Cadena Voces et le gouvernement est conflictuelle", a-t-il déclaré. Dagoberto Rodríguez a indiqué à Reporters sans frontières que la radio était manifestement visée.
Certains journalistes de RCV ont signalé à l'organisation avoir fait l'objet d'intimidations diverses et de menaces de mort. Le journaliste Edgardo Escoto a reçu, il y a un mois, un appel menaçant sur son portable, alors qu'il couvrait un enterrement. "Si tu continues à faire chier, nous allons t'enterrer comme ça", l'a averti son interlocuteur.
En septembre dernier, le Président a annoncé à Carolina Torres, correspondante de RCV au siège de la présidence,
qu'il ne lui accorderait plus d'interviews. "Vous passez votre temps à me critiquer. Si j'étais Hugo Chávez, il y a longtemps que j'aurais fait fermer cette radio", a-t-il déclaré.
Le gouvernement a récemment accusé les propriétaires des médias de faire du chantage pour obtenir des faveurs publiques, sans donner plus de précisions sur la nature de ce "chantage". Les médias ont reproché à Manuel Zelaya ses fréquents voyages et ses tentatives de contrôle de la presse. De nombreuses affaires de corruption ont été également révélées par voie de presse, ce qui a coûté une tentative d'assassinat et une supension d'émission à Geovanny García, journaliste de la chaîne de télévision Canal 13, le 7 septembre dernier.
Publié le
Updated on
20.01.2016