Le climat politique touche la presse privée
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Dans une lettre adressée au chef de la police régionale de la province de Lusaka, Chendela Musonda, Reporters sans frontières s'inquiète de la tension grandissante entourant les médias d'opposition, notamment après qu'un journaliste de radio a été interrogé pour avoir lu le fax d'un auditeur à l'antenne et que des vendeurs de journaux ont été violemment agressés par des militants du parti présidentiel.
« La presse est souvent un bouc émissaire facile lorsque le climat politique d'un pays se dégrade, a écrit l'organisation. Les deux récents incidents signalés en Zambie nous semblent préoccupants à ce titre. L'interrogatoire d'un journaliste et l'agression de vendeurs de journaux sont des signaux que nous n'aimons pas voir ressurgir. C'est pourquoi nous vous demandons, d'une part, de vous assurer que les services que vous commandez observent la plus stricte légalité lorsqu'ils ont affaire à la presse et respectent le principe de confidentialité des sources. D'autre part, nous avons pris acte de votre action visant à punir les auteurs des agressions des vendeurs du Post. Nous vous demandons toutefois de veiller à ce que ces enquêtes soient sérieuses et indépendantes. Si tel n'était pas le cas, le soupçon qui ne manquerait pas d'être jeté sur la police zambienne aggraverait une situation déjà suffisamment instable. »
Le 15 juin 2005, Anthony Mukwita, journaliste free-lance, animateur sur la station privée Radio Phoenix et correspondant de Reporters sans frontières, a été interrogé pendant une heure par la police d'Etat pour avoir lu en direct, le 10 juin, le fax d'un auditeur anonyme. Le contenu du document mettait en garde le gouvernement présidé par Levy Mwanawasa contre la possibilité de voir renaître le même mécontentement qui avait inspiré une tentative de coup d'Etat, en 1997.
Un officier de la division de Lusaka, accompagné de deux inspecteurs, ont questionné Anthony Mukwita dans les locaux de l'organisation Media Institute of Southern Africa (MISA). Ils ont demandé au journaliste de leur remettre le fax lu à l'antenne et d'en révéler sa provenance. Le journaliste a refusé et n'a accepté de faire une déclaration écrite qu'en présence de son avocat.
Le 15 juin, les réactions des auditeurs de Radio Phoenix étaient surtout centrées sur l'annulation des charges retenues contre un ancien ministre dans une affaire de corruption. Cette décision a soulevé un tollé dans l'opinion publique, d'autant que, depuis 2002, le gouvernement a officiellement fait de la lutte contre la corruption une priorité.
Cette même information avait été reprise par The Post, un hebdomadaire privé paraissant à Lusaka, qui précisait dans son éditorial « M.Levy est un menteur et tout ce qui est lié à sa présidence n'est que fraude, falsification et mensonges ». Le même jour, le journal était victime de la colère de partisans du gouvernement. Des vendeurs travaillant pour l'hebdomadaire ont été attaqués par un groupe apparemment proche du Multi-Party Democracy (MDD, le parti au pouvoir). Armés de machettes, les agresseurs ont volé plus de 2 000 exemplaires de l'édition du 15 juin pendant que d'autres vociféraient, accusant l'hebdomadaire d'avoir insulté le Président.
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20.01.2016