Le chef d’État du Honduras menace en public le journaliste Ramón Maldonado
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Piqué au vif par la question d’un journaliste, le président du Honduras, Juan Orlando Hernández a exigé que ce dernier révèle ses sources afin de les communiquer au ministère de l’Intérieur. L’attitude menaçante du chef de l’État est représentative du climat de repression dont souffrent les journalistes et communicateurs sociaux dans le pays.
A l’occasion de l’inauguration de la nouvelle connexion à internet sans fil du parc central de la ville de La Ceiba (Nord), le 10 juillet 2014, Ramón Maldonado, journaliste de la radio Matutino Ceibeño et correspondant de la chaîne de télévision HCH, a interrogé le président Juan Orlando Hernández sur les projets de financement public d’exploitations minières dans la région. Le gouvernement aurait pour projet de déplacer les limites du parc naturel Nombre de Dios afin de pouvoir en extraire du marbre, sans compter que ce parc fournit un grand nombre de la population de la région en eau. “Êtes-vous disposé à soutenir ces actions apparemment illégales ?” a-t-il demandé au président.
La question du journaliste a provoqué une réaction vive de la part de Juan Orlando Hernández, qui lui a demandé de quelle source lui venait cette information avant de donner l’ordre à sa garde rapprochée de relever le nom du journaliste et de le prendre en photo. Ramón Maldonado a décliné son identité, mais une fois l’événement terminé, aucun agent de sécurité n’est venu mettre en œuvre ce qu’avait annoncé le président.
“Ces manœuvres d’intimidation sont indignes d’un président d’un Etat démocratique, a déclaré Camille Soulier, responsable du bureau Amériques de Reporters sans frontières. Nous condamnons ses propos ainsi que la tentative de violation du secret des sources de Ramón Maldonado.”
Ces intimidations surviennent dans un contexte tendu pour les professionnels de l’information au Honduras, 129e pays sur 180 au Classement mondial 2014 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières. Dina Meza, la correspondante locale de l’organisation, continue de recevoir quotidiennement des menaces de mort sans pouvoir compter sur la protection des autorités. Pour la deuxième fois, le 15 juillet dernier, la journaliste a fait parvenir une demande de mesures de protection au ministère de l’Intérieur (en pièce jointe). Cette lettre est, elle aussi, restée sans réponse. Par ailleurs, Dina Meza, qui est en contact avec Ramón Maldonado, a émis sur Facebook une alerte dénonçant les menaces qui pèsent sur lui. Le site web indépendant Vos el Soberano a contribué à la diffusion de cette information.
Publié le
Updated on
20.01.2016