Le cerveau du meurtre de Daniel Pearl condamné à sept ans de prison au Pakistan : RSF dénonce un choquant déni de justice
Un tribunal de Karachi, dans le sud du Pakistan, a commué la peine capitale qui frappait le commanditaire du meurtre de Daniel Pearl en une peine de sept ans de prison. Reporters sans frontières (RSF) dénonce une décision incohérente, symbole de l’impunité des crimes commis contre les reporters.
Un tribunal de Karachi, dans le sud du Pakistan, a commué la peine capitale qui frappait le commanditaire du meurtre de Daniel Pearl en une peine de sept ans de prison. Reporters sans frontières (RSF) dénonce une décision incohérente, symbole de l’impunité des crimes commis contre les reporters.
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Actualisation
Les quatre individus impliqués dans le meurtre, dont un a vu sa peine de mort annulée et trois ont été acquittés jeudi 2 avril, ont été réarrêtés le 3 avril et seront détenus pendant trois mois en attendant le dépôt de l'appel du procureur devant la Cour suprême.
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De fait, il va pouvoir sortir de prison. Condamné en première instance à la peine capitale, Ahmed Omar Saeed Sheikh, le cerveau de l’assassinat sauvage du journaliste américain Daniel Pearl en 2002, a vu sa peine commuée ce matin en sept ans de prison, une période couverte par ses 18 années déjà passées en détention.
Cette décision a été rendue à Karachi par la Haute cour de la province du Sindh, qui examinait l’appel interjeté par le criminel condamné à l’origine en 2002. Trois autre individus impliqués dans ce meurtre, Salman Saquib, Fahad Nasim et Sheikh Adil, condamnés à la perpétuité en première instance, sont pour leur part tout simplement relaxés.
“Si RSF est foncièrement opposée à la peine capitale, l’organisation regrette vivement cette décision incohérente rendue par les juges de Karachi, déclare Daniel Bastard, responsable du bureau Asie-Pacifique de RSF. Elle reconnaît la culpabilité de Saeed Sheikh, tout en annulant de facto sa condamnation. Il s’agit là d’un choquant déni de justice pour les proches de Daniel Pearl, et restera comme un symbole de l’impunité des crimes perpétrés contre les journalistes au Pakistan.”
Mise en scène macabre
Chef du bureau Asie du Sud pour le Wall Street Journal, Daniel Pearl enquêtait sur les milieux islamistes à Karachi lorsqu’il a disparu le 23 janvier 2002. Son enlèvement avait d’abord été revendiqué par une organisation méconnue, qui réclamait la libération des ressortissants pakistanais capturés par l’armée américaine en Afghanistan.
Après un mois de suspense, la mort du journaliste avait finalement été annoncée par l'envoi au consulat états-unien de Karachi d'une cassette vidéo montrant, dans une mise en scène macabre, Daniel Pearl égorgé, puis décapité.
Lors d'une première comparution en justice après son arrestation, Saeed Sheikh, citoyen pakistano-britannique, avait avoué être le commanditaire de cet assassinat.
Le Pakistan se situe à la 142e position sur 180 pays dans l’édition 2019 du Classement mondial de la liberté de la presse publiée par RSF.