Le blogueur Pham Minh Hoang déchu de sa nationalité vietnamienne
Figure emblématique de la lutte pour la liberté d’expression au Vietnam, le blogueur franco-vietnamien Pham Minh Hoang, risque à tout moment d’être expulsé de son pays natal vers la France, après que les autorités lui ont retiré sa nationalité.
Pham Minh Hoang, professeur émérite et blogueur engagé, a été déchu de sa nationalité vietnamienne, à la suite de la signature d’un décret présidentiel le 17 mai dernier. Détenteur également de la nationalité française, l’activiste, âgé de 62 ans, peut désormais, à tout moment, être expulsé de son pays vers la France.
Dans une interview accordée à Reporters sans frontières, Pham Minh Hoang témoigne de sa situation incertaine. “Je ne sais pas quel est mon statut aujourd’hui”, explique la voix nouée par l’émotion le blogueur, plus connu sous le pseudonyme de Phan Kien Quoc. Depuis le quartier populaire où il réside, Pham Minh Hoang a confié à RSF être toujours sous le choc de la décision du président de le déchoir de sa nationalité vietnamienne, “une mesure totalement illégale”, d’après lui et son avocat. Placé sous surveillance policière constante, “je ne peux pas sortir sans que des policiers me suivent ostensiblement”, il demeure à présent dans l’angoisse permanente d’être emmené de force dans un avion qui décollera vers la France.
“Déchoir de leur nationalité ses propres citoyens dans le seul but de les faire taire est tout aussi inacceptable qu’illégal, déclare Virginie Dangles, rédactrice en chef de RSF. Les autorités françaises ne doivent pas permettre une telle expulsion qui n’est rien d’autre qu’une façon pour les autorités vietnamiennes de faire taire une voix critique.”
Pham Minh Hoang désire “à tout prix vivre et mourir au Vietnam” afin de rester auprès de sa famille et de pouvoir continuer à agir en faveur de ses concitoyens. Malgré le soutien de plusieurs organisations de défense des droits de l’homme occidentales, le défenseur de la liberté d’expression se sent extrêmement isolé: “au Vietnam, les médias contrôlés par le Parti ne parlent pas de mon cas. Des amis activistes tentent d’alerter les réseaux sociaux mais très peu de gens savent ce qu’il m’arrive. Je ne vois plus personne.”
Ce n’est pas la première fois que le blogueur, également membre du parti pro démocratie Viet Tan fait l’objet de pressions, tant morales que judiciaires. Ses articles engagés sur l’éducation, l’environnement ou encore la souveraineté face à la Chine lui a déjà valu d’être condamné en 2011 à 17 mois de prison ferme et trois ans de résidence surveillée, une peine qui avait été réduite grâce à la mobilisation des défenseurs des droits de l’homme et de l’Etat français. En 2014, lui et sa famille étaient encore victimes d’intimidations.
Le Vietnam fait partie des pays les plus mal notés du Classement mondial pour la liberté de la presse RSF et se classe 175ème sur 180 dans l’édition 2017 du Classement RSF.