Le blogueur franco-vietnamien Pham Minh Hoang condamné à trois ans de prison
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Reporters sans frontières dénonce avec fermeté la condamnation du blogueur franco-vietnamien Pham Minh Hoang à trois ans de prison et trois ans d’assignation à résidence, le 10 août 2011, pour tentative de renversement du gouvernement. Lors d’un procès à charge, le juge Vu Phi Long a déclaré que les actes du blogueur avaient “sapé la sécurité nationale”. Le net-citoyen a décidé de faire appel et demande aux autorités françaises de faire pression auprès d’Hanoï pour obtenir une révision de sa peine.
“Pham Minh Hoang n’a rien à faire en prison. C’est un citoyen qui a simplement exprimé ses points de vue sur des sujets d’intérêt au Viêt Nam. Sa condamnation reflète un dangereux glissement du pays vers une politique de censure ‘à la chinoise’. Le Premier ministre Nguyen Tang Dung, qui vient d’être reconduit pour cinq ans et nommé vice-président du Conseil de la sécurité et de la défense, est l’instigateur d’une vague de répression qui laisse craindre un avenir noir pour les journalistes, blogueurs et défenseurs de la liberté d’expression. Nous demandons à la France, ainsi qu’à l’Europe, de faire entendre leur voix afin d’obtenir la libération au plus vite de leur ressortissant”, a déclaré Reporters sans frontières.
Blogueur engagé, connu sous le pseudonyme Phan Kien Quoc, Pham Minh Hoang a publié de nombreux articles sur l’éducation, l’environnement et la souveraineté face à la Chine, largement relayés sur le Net. Le blogueur a participé à la campagne contre l’exploitation par une entreprise chinoise des mines de bauxite dans la région des Hauts Plateaux dans le centre du pays. Il a également dispensé des formations extra universitaires en leadership à ses étudiants, et est membre du parti pro démocratie Viet Tan.
Lors de l’audience du 10 août 2011, des journalistes ont été intimidés par des agents de sécurité armés, qui ont tenté de les dissuader de couvrir le procès. Le tribunal a déclaré que les articles de Pham Minh Hoang “noircissaient l’image du pays” et que le blogueur était coupable d’”activités visant à renverser l’administration populaire”. Arrêté le 13 août 2010, le blogueur était en détention provisoire depuis près d’un an. Cette année passée derrière les barreaux sera, selon la justice vietnamienne, déduite de sa condamnation.
Cette décision de justice intervient alors qu’un autre blogueur et dissident, Cu Huy Ha Vu, a vu sa condamnation à 7 ans de prison pour “propagande contre l’Etat”, le 2 août 2011, confirmer en appel, et que le prêtre Nguyen Van Ly, responsable de la publication dissidente Tu do Ngôn luan, a été renvoyé en cellule après un an et demi de libération provisoire pour raison de santé, il y a quelques jours.
Dans une lettre ouverte datée du 8 août 2011, Reporters sans frontières a demandé au Premier ministre Nguyen Tang Dung “d’inverser la tendance” en “mettant fin aux procès politiques”.
Le 27 juillet dernier, Nguyen Phuong Nga, porte-parole du ministère vietnamien des Affaires étrangères, avait rappelé "qu'au Viêt Nam, l'ensemble des droits fondamentaux et des libertés des citoyens figurent dans la Constitution comme dans les textes qui lui sont inférieurs”. Elle avait soutenu “qu'ils (les droits fondamentaux, ndlr) sont de fait respectés. Au Viêt Nam, personne n'est détenu pour avoir exprimé son opinion.”
La Déclaration universelle des droits de l’homme, le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, et les articles 35, 50, 53 et 69 de la Constitution du Viêt Nam garantissent la légalité des activités de Pham Minh Hoang, et des 17 net-citoyens emprisonnés.
Le Viêt-Nam fait partie de la liste des pays “Ennemis d’Internet” établie par Reporters sans frontières le 12 mars dernier, et est 165ème, sur 178 pays, dans le classement mondial de la liberté de la presse réalisé par l’organisation.
Publié le
Updated on
20.01.2016