Larry Que, premier journaliste philippin assassiné sous le régime du président Rodrigo Duterte
Le chroniqueur et éditeur d’un journal régional aux Philippines, Larry Que, a été assassiné ce mardi 20 décembre. Reporters sans frontières (RSF) appelle le gouvernement philippin à l’ouverture d’une enquête afin que ce crime ne reste pas impuni.
Des hommes armés circulant à moto ont tiré sur le journaliste, lundi 19 décembre, alors qu’il rentrait de son bureau à Virac, sur l’île de Catanduanes, au centre de l’archipel des Philippines. Larry Que a succombé à ses blessures à l’hôpital mardi matin, selon l’Union nationale des journalistes aux Philippines (NUJP).
Larry Que, journaliste local et éditeur du Catanduanes News Now, est le premier journaliste assassiné sous la présidence de Rodrigo Duterte depuis sa prise de fonctions le 30 juin dernier. Les Philippines font partie des nations les plus dangereuses pour les reporters, selon la Fédération Internationale des Journalistes (IFJ), faite ce mardi.
Peu de temps avant son assassinat, le journaliste avait critiqué dans sa rubrique la “négligence” d’officiers de police quant à l’existence d’un vaste laboratoire illégal de méthamphétamine cristalline (connue sous le nom de "shabu") qui avait été découvert trois semaines plus tôt sur l’île lors d’un raid policier, a précisé Dabet Panelo, le secrétaire général de l’NUJP.
"L'union (NUJP) défie les autorités (…) de résoudre immédiatement ce meurtre, le premier d'une personnalité médiatique sous l'administration de Duterte," a-t-elle déclaré, se référant au président Rodrigo Duterte. La police nationale, quant à elle, n’a pas encore réagi. Depuis la prise de fonction de Rodrigo Duterte, deux journalistes de la radio ont été blessés dans deux attaques séparées, durant la même période.
“La situation des journalistes aux Philippines est très préoccupante, déclare Virginie Dangles, rédactrice en chef de Reporters sans frontières. Nous appelons le gouvernement Duterte à ouvrir immédiatement une enquête, afin que le meurtre de Larry Que ne reste pas impuni. Il est également essentiel que la communauté internationale exige du gouvernement qu’il respecte les droits humains et la liberté de la presse, notamment en garantissant la sécurité des journalistes.”
Le président philippin avait suscité un tollé international peu avant la prise de son mandat, en déclarant que les journalistes qui avaient accepté des dessous-de-table ou qui s’étaient engagés dans d'autres activités corrompues étaient des cibles légitimes d'assassinat. "Juste parce que vous êtes journalistes, vous n'êtes pas exemptés de l'assassinat, si vous êtes un fils de pute”, avait-il déclaré.
Depuis son arrivée à la présidence, Rodrigo Duterte a lancé une guerre brutale contre la drogue qui a fait plus de 5 300 morts dans le pays. En octobre 2016, il a parallèlement créé un groupe de travail de haut niveau pour assurer "un environnement sûr pour des travailleurs médiatiques" et examiner des attaques non résolues contre des journalistes.
Le pays occupe la 138ème place du Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2016.