Reporters sans frontières dénonce les menaces anonymes adressées aux journalistes boliviens depuis la radicalisation du conflit social qui déstabilise le pays. L'organisation demande au gouvernement de veiller à ce que les médias puissent couvrir, librement et dans les meilleures conditions possibles, l'évolution de la crise.
Reporters sans frontières dénonce les menaces subies par les journalistes boliviens couvrant le conflit social qui secoue le pays depuis deux semaines. Le 11 octobre, le personnel des radios Pachamama, Celestial et Erbol ont fait l'objet de menaces anonymes par téléphone. Le 13 octobre, c'était au tour d'autres médias, parmi lesquels Radio Fides, Canal 2 et Canal 39.
"Nous demandons au gouvernement bolivien de tout mettre en œuvre pour que les médias puissent continuer à faire leur travail", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières. "Les journalistes doivent être libres de couvrir, en toute sécurité, le conflit social qui secoue le pays et de diffuser l'information qui leur semble pertinente."
Le 11 octobre 2003, les radios Pachamama, Celestial, de la ville de El Alto, et Erbol, de La Paz, ont reçu plusieurs appels téléphoniques anonymes les avertissant qu'il allait "leur arriver quelque chose", qu'elles devaient "faire attention", ou leur demandant de suspendre leurs émissions. D'autres appels annonçaient le risque d'explosion d'une bombe dans leurs locaux. Le 13 octobre, ces menaces se sont étendues à d'autres médias de La Paz, parmi lesquels Radio Fides, et les chaînes de télévision Canal 2 et Canal 39.
Le 12 octobre, sept journalistes de la télévision d'Etat ont démissionné pour protester contre la "manipulation" et le "mensonge par omission" de la chaîne. Ils dénoncent une intrusion du pouvoir exécutif afin d'empêcher la diffusion d'informations sur les affrontements entre les manifestants et les forces de l'ordre à El Alto. Ils affirment également avoir reçu des menaces suite aux informations diffusées par ce média.
Le 13 octobre, un groupe de manifestants sont venus jeter des pierres contre les locaux de Radio Fides, propriété de l'Eglise catholique, mais l'intervention de la police les en a empêchés.
Reporters sans frontières rappelle que le 7 octobre, Juan Yupanqui, du quotidien El Diario, avait été battu par des forces spéciales de sécurité, alors qu'il suivait des manifestants qui descendaient à pied de la ville de El Alto à la capitale. Les policiers avaient utilisé des gaz lacrymogènes et fait usage de la force pour empêcher la progression de la manifestation.
Un fort mouvement social secoue la Bolivie depuis plusieurs semaines. Les syndicalistes et les leaders indigènes ont appelé à la grève générale pour protester contre un projet du gouvernement d'exportation de gaz naturel. La ville de El Alto, située à 15 km de La Paz, a été le centre des mobilisations ces derniers jours. Au cours des trois semaines de crise, soixante personnes ont trouvé la mort dans les affrontements opposant manifestants et forces de l'ordre. Le président Sanchez de Lozada a imposé la loi martiale dans la ville de El Alto le
12 octobre.