La présence des correspondants étrangers en Chine menacée par le chantage au visa
Le Club des correspondants étrangers de Chine (FCCC) dénonce, dans son rapport annuel, la politique du régime de chantage au visa des journalistes étrangers qui, associée à un harcèlement systématique, rend la couverture du pays de plus en plus difficile.
Dans son rapport annuel publié le 31 janvier 2022, le Club des correspondants étrangers de Chine (FCCC) dénonce le recours de plus en plus systématique à la pratique du chantage au visa des journalistes étrangers. Le rapport, qui se base sur un sondage auquel ont répondu 127 membres du club, indique que 96% des répondants se sont vu refuser le visa classique de journaliste permanent “J-1” en 2021 et ont reçu à la place des permis de résidence de deux à trois mois seulement. Le rapport dénonce aussi le harcèlement grandissant des correspondants étrangers et de leurs sources par le régime, qui, combiné avec le chantage au visa, rend « l'activité des journalistes restés en Chine de plus en plus difficile ».
« Les correspondants étrangers sont indispensables pour que le monde comprenne la Chine, l'une des premières puissances économiques mondiales, et la communauté internationale ne peut accepter que les autorités chinoises ne deviennent la seule source d'information sur le pays », insiste le directeur du bureau Asie de l'Est de RSF, Cédric Alviani, qui appelle les gouvernements à « renforcer la pression sur le régime de Pékin pour qu'il mette fin au harcèlement des correspondants étrangers et de leurs sources. »
Les correspondants ont presque tous vu certaines de leurs sources refuser de leur répondre, arguant du fait qu’une autorisation préalable était requise pour parler aux médias étrangers (92%). Une grande majorité a aussi été victime d'obstruction de la part de la police ou d'autres fonctionnaires (62%) et près de la moitié des répondants s’est vu refuser l’accès à un lieu d’enquête avec comme prétexte les mesures de prévention du Covid-19 (52%).
RSF a récemment publié une enquête inédite, Le grand bond en arrière du journalisme en Chine, qui révèle la campagne de répression sans précédent menée ces dernières années par le régime chinois contre le journalisme et le droit à l'information dans le monde entier.
La Chine figure au 177e rang sur 180 au Classement de la liberté de la presse publié par RSF en 2021, soit seulement deux places au-dessus de la Corée du Nord, pays dans lequel le journalisme est réduit à la propagande d’État.