Reporters sans frontières réaffime son engagement aux côtés des 13 journalistes emprisonnés en Erythrée à l'occasion de la Fête de l'Indépendance du 24 mai. « Une nouvelle année est passée, avec de notre côté l'indignation, et du côté des prisons où croupit depuis 2001 une partie de l'élite journalistique du pays, la souffrance et l'incertitude », a déclaré l'organisation.
Reporters sans frontières réaffime son engagement aux côtés des 13 journalistes emprisonnés en Erythrée à l'occasion de la Fête de l'Indépendance de ce petit pays de la Corne de l'Afrique, le 24 mai 2005.
« Les célébrations sont ternies une fois de plus, a déclaré Reporters sans frontières. Une nouvelle année est passée, avec de notre côté l'indignation, et du côté des prisons où croupit depuis 2001 une partie de l'élite journalistique du pays, la souffrance et l'incertitude. Pour que le président érythréen Issaias Afeworki transforme enfin cette journée en réelle célébration, il lui faudrait libérer les responsables des journaux Tsigenay, Meqaleh, Keste Debena, Zemen, Admas et tous les autres détenus politiques. Au lieu de quoi, son gouvernement préfère les injurier chaque année, tout en leur refusant un procès. »
En mai 2001, la presse indépendante érythréenne avait relayé les appels à la démocratisation du pays de quinze hauts responsables du parti au pouvoir, connus sous le nom de « groupe des 15 ». En guise de réponse, le 18 septembre 2001, le gouvernement érythréen avait décidé de rafler le « groupe des 15 » et de « suspendre » tous les médias privés du pays. En avril 2002, après avoir entamé une grève de la faim en signe de protestation, dix journalistes détenus avaient été transférés dans des lieux de détention inconnus. Depuis, on ignore tout de leur sort. Leurs familles ne sont pas autorisées à leur rendre visite.
Ces hommes sont Yusuf Mohamed Ali, rédacteur en chef de Tsigenay ; Mattewos Habteab, rédacteur en chef de Meqaleh, et son adjoint, Dawit Habtemichael ; Medhanie Haile et Temesgen Gebreyesus, respectivement rédacteur en chef adjoint et membre du conseil d'administration de Keste Debena ; Emanuel Asrat, rédacteur en chef de Zemen ; le citoyen érythréo-suédois Dawit Isaac et Fessehaye Yohannes, du journal Setit ; Said Abdulkader, rédacteur en chef du journal Admas, et un photographe indépendant, Seyoum Tsehaye. En janvier et février 2002, trois journalistes de la presse gouvernementale ont été arrêtés : Hamid Mohamed Said et Saidia Ahmed, de la télévision publique Eri-TV, et Saleh Al Jezaeeri, de la radio publique Voice of the Broad Masses.
En 2001, les autorités avaient affirmé qu'une commission parlementaire serait chargée d'étudier les conditions du retour en Erythrée des médias privés. Fin 2004, le ministre de l'Information, Ali Abdou Ahmed, a expliqué que ce rapport était encore en préparation. Selon lui, les parlementaires « travaillent depuis trois ans. Trois ans, ce n'est pas trop long ». Le ministre a affirmé que les journalistes emprisonnés n'étaient de toute façon « pas des journalistes, ni professionnellement, ni éthiquement », mais « des agents de l'ennemi, pendant et après la guerre » contre l'Ethiopie de 1998-2000.