Un juge a refusé la libération sous caution déposée par l'avocat du grand reporter Marc Epstein et du photographe Jean-Paul Guilloteau, qui ont été transférés menottés à la prison de Karachi. On est toujours sans nouvelles du journaliste pakistanais Khawar Mehdi.
Un juge de Karachi a refusé, le 20 décembre, la libération sous caution des journalistes français Marc Epstein et Jean-Paul Guilloteau. Ils ont été transférés à la prison de Karachi (sud) dans l'attente de leur jugement. Ils sont accusés d'avoir séjourné sans autorisation dans la région de Quetta alors qu'ils n'ont fait que la traverser pour se rendre en Afghanistan. Les autorités pakistanaises refusent toujours de fournir des informations sur le sort du journaliste pakistanais Khawar Mehdi Rizvi, détenu au secret depuis le 16 décembre.
Reporters sans frontières regrette vivement que la justice et les autorités pakistanaises ne prennent pas en compte les déclarations des journalistes français et de leur avocat. L'organisation rappelle que les trois journalistes n'ont fait que traverser la région de Quetta pour se rendre en Afghanistan où ils ont réalisé un reportage sur les activités des groupes taliban. "Tout le monde sait que des groupes armés opposés au gouvernement de Kaboul sont actifs de l'autre côté de la frontière. Pourquoi le gouvernement d'Islamabad sanctionne-t-il de la sorte des journalistes étrangers qui font leur travail d'information sur ce sujet ?", a demandé Reporters sans frontières dans une lettre au Premier ministre pakistanais Zafarullah Khan Jamali. L'organisation réitère sa demande de libération des trois journalistes.
Le 20 décembre, le juge Nuzhat Ara Hakvi a refusé la libération sous caution déposée par l'avocat des deux reporters Marc Epstein (photo) et Jean-Paul Guilloteau, respectivement journaliste et photographe de l'hebdomadaire français L'Express. Ils ont été transférés menottés vers la prison de Karachi dans l'attente de leur jugement. Leur avocat, Nafees Siddiqi, a annoncé qu'il allait faire appel de cette décision le 22 décembre devant la Haute cour du Sind. Les journalistes restent accusés de violation du Foreigners Act de 1946 qui prévoit une peine maximale de trois ans de prison. Les autorités leur reprochent d'avoir traversé la région de Quetta sans autorisation spéciale. Les trois journalistes revenaient d'un reportage dans la région de Kandahar (sud de l'Afghanistan) sur les activités des groupes taliban. Marc Epstein avait précisé au juge que le "Pakistan n'allait pas apparaître dans le reportage" qui devait être publié dans L'Express.
Khawar Mehdi Rizvi, journaliste-interprète de l'hebdomadaire français L'Express, est détenu au secret depuis le 16 décembre, à Karachi, par des agents de l'Agence d'intelligence fédérale (FIA), sous la direction du colonel Nizar. Son nom n'est pas mentionné dans le procès-verbal (FIR) concernant les deux reporters français alors qu'il est leur collaborateur sur ce reportage. Le frère de Khawar Mehdi Rizvi a déclaré le 19 décembre dans un communiqué de presse qu'il tente depuis cinq jours d'obtenir des informations sur la situation du journaliste. "Ma famille et moi exprimons notre grande préoccupation, notre angoisse et notre colère face à la disparition de Khawar", a-t-il précisé.
Les autorités pakistanaises accusent Khawar Mehdi Rizvi d'avoir aidé l'équipe de L'Express à réaliser un "faux reportage visant à discréditer l'image internationale du Pakistan". Le journal Jang a révélé le 19 décembre qu'un employé d'une mosquée de Rawalpindi avait également été arrêté pour sa "complicité" avec le journaliste pakistanais.