La Grande-Bretagne et la France doivent conduire une enquête conjointe sur la disparition de Fred Nérac, cameraman d'ITN disparu en Irak depuis 68 jours
Reporters sans frontières demande aux gouvernements français et britannique de conduire une enquête conjointe sur la disparition de Fred Nérac (photo) et Hussein Othman, les deux employés de chaîne britannique ITN disparus dans la région de Bassorah, au sud de l'Irak.
Dans une lettre commune adressée, le 30 mai 2003, au ministre français des Affaires étrangères, Dominique De Villepin, et au ministre britannique de la Défense, Geoff Hoon, Reporters sans frontières a demandé la conduite d'une enquête conjointe sur la disparition des deux journalistes disparus en Irak depuis le 22 mars 2003, le cameraman français Frédéric Nérac et l'interprète libanais Hussein Othman.
"Reporters sans frontières salue la décision, bien que tardive, du ministère britannique de la Défense d'ouvrir une enquête criminelle sur la disparition des deux employés de la chaîne britannique ITN en Irak", a indiqué Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières, dans une lettre commune aux ministres Dominique De Villepin et Geoff Hoon, avant de poursuivre : "Le journaliste Frédéric Nérac est non seulement citoyen français, mais également ressortissant de l'Union européenne. Alors que les gouvernements français et britanniques s'emploient jour après jour à construire cette union, il est légitime et souhaitable qu'une enquête soit menée conjointement par les autorités britanniques, qui contrôlent le sud de l'Irak, et les autorités françaises, dans le cadre de leurs obligations envers les ressortissants français à travers le monde."
"La France doit impérativement demander que ses enquêteurs puissent travailler en Irak, en pleine collaboration avec les enquêteurs britanniques. La Grande-Bretagne, quant à elle, ne saurait refuser l'assistance et les moyens supplémentaires qui, grâce à cette coopération, pourront être mis à la disposition des recherches et de l'enquête", a-t-il conclu.
Reporters sans frontières soutient absolument la demande de Fabienne Nérac, l'épouse du cameraman disparu en Irak. Le 28 mai 2003, le jour même de l'annonce par les autorités britanniques de l'ouverture d'une enquête criminelle, Fabienne Nérac a demandé au Quai d'Orsay de s'y adjoindre.
Le ministère britannique de la Défense a ouvert, le 28 mai 2003, une enquête criminelle sur la disparition près de Bassorah (Irak) du cameraman français Fred Nérac et de son interprète libanais Hussein Othman. Le 9 mai, le ministre de la Défense, Geoff Hoon, avait précisé à la chaîne ITN qu'il ne pourrait pas diligenter une enquête "sans indice qu'un crime de guerre a été perpétré". La chaîne britannique, qui mène une enquête indépendante sur le terrain, demandait depuis longtemps la mobilisation des autorités britanniques, ainsi que l'ouverture d'une enquête officielle.
Les autorités américaines avaient, officieusement, annoncé à la chaîne, le 28 avril 2003, l'ouverture d'une enquête militaire.
Le 22 mars 2003, près de Bassorah au sud de l'Irak, une équipe de quatre journalistes de la chaîne indépendante britannique ITN avait été prise sous des tirs, lors de combats entre des forces irakiennes et des Marines américains. Le correspondant Terry Lloyd, 51 ans, avait été tué, et le cameraman belge Daniel Demoustier blessé. Deux de leurs collègues - Frédéric Nerac, cameraman de nationalité française, et Hussein Othman, interprète de nationalité libanaise - sont depuis lors portés disparus.