La cyberdissidente Ma Yalian libérée au terme de sa peine

Ma Yalian a été libérée, le 19 août 2005, au terme de sa peine. Emprisonnée depuis le 19 mars 2004, elle avait été condamnée à 18 mois de camp de rééducation par le travail pour avoir critiqué dans des articles publiés sur Internet l'inefficacité du système de dépôt de plainte en Chine. L'organisation rappelle cependant que 62 cyberdissidents sont actuellement emprisonnés en Chine pour avoir diffusé sur Internet des textes critiques vis-à-vis des autorités. _________________________________________________________ 1.04.2004 Internautes en camps de rééducation, weblogs censurés : Reporters sans frontières tire le signal l'alarme Ma Yalian a été condamnée, le 19 mars 2004, à 18 mois de camp de rééducation par le travail pour avoir dénoncé, dans des articles publiés sur Internet, les dysfonctionnements du système de dépôt de plainte en Chine. Dans le même temps, les autorités étendent encore leur filtrage des weblogs. Reporters sans frontières s'indigne de la condamnation de Ma Yalian, qui bafoue les règles élémentaires du droit. "Cette femme est envoyée pour la deuxième fois en camp de rééducation sans avoir été jugée par un tribunal. Cette pratique est une honte pour la Chine, qui vient pourtant d'inscrire les droits de l'homme dans sa Constitution. Nous sommes atterrés par le cynisme des dirigeants chinois et appelons les gouvernements étrangers à dénoncer ce type de sanctions extrajudiciaires", a déclaré l'organisation. Ma Yalian a publié sur le site juridique http://chineselawyer.com.cn et sur www.dajiyuan.com, une publication du mouvement spirituel FalunGong, des articles dénonçant le harcèlement subi par des personnes ayant exprimé leur mécontentement aux autorités. En effet, il est donné aux citoyens chinois la possibilité de transmettre leurs doléances au travers d'un réseau national de bureaux administratifs. Selon l'organisation Human Rights in China, la cyberdissidente critiquait ce système en réalité inefficace et donnait des exemples précis de plaignants ayant été maltraités par les autorités. Elle indiquait en outre que des individus s'étaient suicidés devant ces bureaux de réception des plaintes. Elle a été condamnée par un comité administratif à passer 18 mois dans un camp de rééducation par le travail. Ce type de peine est en général prononcé contre des délinquants mineurs, des drogués ou des prostituées. Il sert cependant aussi à faire taire des dissidents politiques et religieux. Ma Yalian avait elle-même déposé plusieurs réclamations pour protester contre son expulsion lors d'un plan d'aménagement urbain à Shangaï. Suite à cette démarche, elle avait déjà été condamnée, en août 2001, à un an de camp de travail. La cyberdissidente affirme avoir été battue durant cette période. Les autorités chinoises ont depuis quelques mois intensifié leur répression sur Internet. Reporters sans frontières avait signalé, le 17 mars 2004, le blocage des sites de création et d'hébergement de weblogs Blogbus.com et Blogcn.com. Plus d'informations . Selon des informations recueillies par l'organisation, d'autres sites du même type ont été plus récemment rendus inaccessibles. Par exemple, les blogs hébergés par Typepad sont désormais filtrés. Selon le responsable de Dynamic Internet Technology (DIT), une entreprise spécialisée dans les questions de filtrage de l'Internet en Chine, seule l'adresse IP des serveurs hébergeant les blogs de Typepad a été bloquée. Le site www.typepad.com est toujours accessible. Enfin, plusieurs témoignages rapportent que Slashdot (www.slashdot.org), un site américain axé sur les nouvelles technologies, qui avait notamment signalé le filtrage de Typepad, serait également bloqué depuis fin mars. Un des responsables du site a déclaré à Reporters sans frontières que sa publication était régulièrement rendue inaccessible par les autorités. Il a ajouté que "s'il s'avère que nous sommes effectivement censurés, c'est probablement parce que Slashdot promeut la discussion, la pluralité d'opinions, la liberté de pensée, autant de principes qui se marient mal avec un régime totalitaire et bureaucratique". Des initiatives s'organisent pour déjouer cette censure. Un groupe de bloggers a notamment créé un site destiné à aider les éditeurs de weblogs censurés : http://www.sinosplice.com/adoptablog. Reporters sans frontières salue cette initiative et invite la communauté des bloggers à se mobiliser pour défendre la liberté d'expression de leurs homologues chinois.
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Updated on 20.01.2016