L’Iran cherche à internationaliser la censure et contrôler l’information indépendante

Alors que les médias iraniens, sous contrôle stricte du régime, ont passé sous silence le mouvement de protestation qui a touché plus de 100 villes dans l’ensemble du pays, fait 22 morts et provoqué l’arrestation de quelques 17 000 personne, dont plusieurs journalistes citoyens, l'ambassade d'Iran à Londres demande à l’autorité de régulation des communications au Royaume Uni (OFCOM) de censurer les médias en persan basés dans le pays. Une lettre datée du 4 janvier 2018 adressée à l’OFCOM les accuse «d'inciter les manifestants en Iran à recourir à l'émeute et à la violence armée».

Dans sa lettre, l’ambassade d'Iran vise les deux principales source d'information en langue persane au Royaume-Uni, à savoir la chaîne privée Manoto TV et BBC Persian, le service en persan de la BBC, et ce en dépit du fait que ce média soit accusé par plusieurs activistes et intellectuels iraniens d’être trop proche de la ligne officielle du régime.

“Après avoir perturbé les accès à internet et bloqué les réseaux sociaux, la République islamique d'Iran utilise le prétexte de devoir lutter contre les appels à la violence et l’apologie au terrorisme pour réduire au silence les dernières sources d’informations libres et indépendantes utilisées par de nombreux Iraniens”, dénonce Reza Moini, responsable du bureau Iran/Afghanistan de RSF.

RSF déjà avait dénoncé les tentatives de la justice et des services de renseignements iraniens de contrôler l’information des sections persanes des médias internationaux et des médias indépendants en exerçant des pressions sur les journalistes iraniens basés à l’étranger et leurs familles restées en Iran.

L’Iran est classé 165e sur 180 au Classement mondial de la liberté de la presse 2017 de Reporters sans frontières.