L’Autorité palestinienne bloque 51 médias en ligne
La justice palestinienne de Cisjordanie a décidé de bloquer une cinquantaine de sites Internet considérés comme des “menaces” par l’Autorité palestinienne. Reporters sans frontières (RSF) dénonce un procédé inacceptable qui semble être un moyen de sanctionner certains médias critiques du pouvoir en place.
Le tribunal de Ramallah a publié, lundi 21 octobre, une liste de 51 médias différents, dont l’accès sera désormais bloqué. Au total, 59 noms sont cités, en comptant ceux dont le site et la page Facebook sont concernés par le bloquage. Dans sa décision, le parquet explique que ces médias sont coupables “d’attaquer et dénigrer les symboles de l’Autorité palestinienne” et de “publier des contenus qui menacent la sécurité nationale et la sûreté civile”.
Parmi les médias visés figurent l’agence Shehab News (basée à Gaza), suivie par 7,5 millions de personnes sur Facebook, et Quds Network, suivie par 6,6 millions d’internautes. D’autres, sites dont les pages sont suivies par plusieurs centaines de milliers d’abonnés, sont également concernés comme Ultra Palestine, Arab 48, Pal Abroad ou encore Al-Majd. Par ailleurs, certains des noms mentionnés sur la liste n’ont pas de site Internet et ne sont présents que sur Facebook.
“Bloquer des sites Internet est une violation claire du droit à l’information, rappelle Sabrina Bennoui, responsable du bureau Moyen-Orient à Reporters sans frontières (RSF). L’Autorité palestinienne confirme ainsi son refus d’accepter le pluralisme des médias et sa volonté d’éliminer toute opposition en les rendant invisibles pour les citoyens."
La Commission indépendante pour les droits de l'Homme et le Syndicat des journalistes ont décidé de contester cette décision en justice. Le verdict est attendu pour le jeudi 24 octobre.
L’un des médias cités, “À contre-courant”, a partagé une série d’anciennes publications sur sa page Facebook pour expliquer ce qui lui a valu d’être bloquée, comme des preuves de corruption au sein de l’Etat ou des cas de népotisme.
C’est la deuxième fois que l’Autorité palestinienne décide de bloquer ainsi des sites Internet. En 2017, onze sites avaient été bloqués car considérés proches du Hamas et de l’homme politique dissident Mohammed Dahlan.
Cette année, la Palestine est classée 137e sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF.