Un responsable des services de sécurité pakistanais a affirmé à la Haute Cour du Sind ne pas détenir le collaborateur de L'Express. Pourtant, le président Pervez Musharraf et le ministère des Affaires étrangères ont récemment affirmé que le journaliste était détenu pour "enquête".
Le directeur adjoint de la Federal Investigation Agency (FIA) a nié devant deux juges de la Haute Cour de Karachi détenir Khawar Mehdi Rizvi, collaborateur des deux reporters français de L'Express, Marc Epstein et Jean-Paul Guilloteau. Récemment, le président Pervez Musharraf et le porte-parole du ministère des Affaires étrangères ont pourtant affirmé que le journaliste était détenu pour "enquête".
Reporters sans frontières est extrêmement choquée par la violation manifeste du droit dans le cas de Khawar Mehdi Rizvi. D'un côté, les plus hautes autorités affirment que les services de sécurité détiennent le journaliste pour "enquête" et, de l'autre, la justice n'a pas accès au détenu ni à son dossier. Comme l'ont exprimé aujourd'hui deux juges de Karachi, il est indécent de voir le journaliste pakistanais détenu au secret tandis que ses collègues français sont libérés et autorisés à quitter le territoire. Par ailleurs, Reporters sans frontières redoute que Khawar Mehdi Rizvi ne soit soumis à des mauvais traitements depuis son arrestation.
Le 13 janvier 2004, le directeur adjoint de la FIA, Sarwar Khan, et le procureur adjoint du Pakistan ont nié devant deux juges de la Haute Cour de la province du Sind (Sud), détenir Khawar Mehdi Rizvi. Cette seconde audience fait suite au dépôt d'une demande d'habeas corpus de la part d'Abid Saqi, l'avocat de la famille de Khawar Mehdi Rizvi, pour tenter de mettre fin à la détention au secret du journaliste. Les juges, qui ont déclaré être très mécontents de la réponse des autorités, ont demandé au gouvernement fédéral de venir répondre, le 20 janvier, de la situation de Khawar Mehdi Rizvi et des motifs officiels de sa détention.
Le 12 janvier, à Islamabad, le porte-parole du ministère pakistanais des Affaires étrangères a déclaré devant la presse à propos de Khawar Mehdi Rizvi : "Ce n'est pas un pauvre gars. Nous avons retrouvé un faux reportage sur lui et l'enquête est toujours en cours."
Déjà, le 29 décembre, le président pakistanais Pervez Musharraf avait mis en cause personnellement les qualités professionnelles de Khawar Mehdi Rizvi. Devant les représentants de la Société des journaux pakistanais (APNS), le chef de l'Etat avait déclaré : "Ce journaliste free-lance a causé un tort terrible à l'intérêt national en faisant ce faux film sur les taliban et cela pour seulement 2 000 dollars. S'il m'avait contacté, j'aurais pu lui donner 3 000 dollars pour ne pas faire ce film."
Khawar Mehdi Rizvi, journaliste indépendant et collaborateur régulier de reporters étrangers, est soutenu par les quotidiens français Le Monde et Libération, les chaînes de télévision françaises TF1 et France 2, et les journaux américains The New York Times et The Chicago Tribune.
De leur côté, Marc Epstein et Jean-Paul Guilloteau, reporters de L'Express, ont récupéré leur passeport et devaient quitter Karachi le 13 janvier. Marc Epstein a déclaré à l'Agence France-Presse : "Je suis très inquiet pour Khawar parce qu'on est sans nouvelles de lui."
Les trois journalistes ont été arrêtés le 16 décembre 2003 à Karachi. Ils venaient de réaliser un reportage sur les groupes taliban à la frontière avec l'Afghanistan.