Khawar Mehdi Rizvi a été présenté le 27 janvier devant un tribunal de Quetta (sud-ouest du Pakistan). Accusé d'avoir réalisé un faux reportage sur les activités de groupes armés taliban à la frontière avec l'Afghanistan, le journaliste risque la prison à vie. Interrogé par la presse pakistanaise, il a déclaré "avoir beaucoup souffert" et être "mentalement très fatigué".
Le 30 janvier, Khawar Mehdi Rizvi a clamé son innocence aux journalistes qui attendaient à la sortie du tribunal de Quetta : "Je suis complètement innocent. (…) Cette affaire montre que l'on essaie de mettre à mal la crédibilité des médias internationaux." La cour venait de décider de le maintenir en détention préventive pour les besoins de l'enquête. La police a quatorze jours avant de remettre l'accusé à la justice. Le journaliste, qui a été torturé lors de sa détention, est, selon son frère, soumis à de fortes pressions physiques et psychologiques.
La plainte (FIR) enregistrée au Département criminel de la police de Quetta accuse Khawar Mehdi Rizvi d'avoir accepté de l'argent de Marc Epstein et Jean-Paul Guilloteau, reporters de l'hebdomadaire français L'Express, pour préparer un faux reportage sur un commandant taliban et un camp d'entraînement taliban. Le journaliste est l'objet de plusieurs chefs d'accusation : "conspiration", "sédition", "endommager la réputation internationale du Pakistan", "promouvoir la haine entre le Pakistan et un pays voisin et la communauté internationale, et entre l'islam et d'autres religions". Syed Allah Noor et Abdullah Shakir tombent également sous le coup de la même plainte. Le texte précise que les preuves (cassettes vidéo) ont été transmises par une "agence secrète".
L'ambassadeur américain au Pakistan a exprimé au gouvernement d'Islamabad sa préoccupation quant à la situation de Khawar Mehdi Rizvi.
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27.01.2004Khawar Mehdi Rizvi risque la prison à vie pour "sédition" et "conspiration"
Après plus de quarante jours de détention au secret, les autorités pakistanaises daignent enfin respecter la loi en inculpant le journaliste. Mais cette accusation ne repose sur aucune preuve matérielle. Reporters sans frontières déplore que les autorités appliquent avec un tel cynisme la politique de deux poids, deux mesures. En effet, dans la même affaire, les deux journalistes français de L'Express avaient été condamnés en appel à une simple amende.
Le 25 janvier 2003, le chef de la police de la province du Balouchistan (sud-ouest du pays), Shoaib Suddle, a annoncé que Khawar Mehdi Rizvi, collaborateur de l'hebdomadaire français L'Express, était détenu à Quetta et a été inculpé de "sédition" et "conspiration" en vertu de l'article 124-A du code pénal. Deux autres personnes, Allah Noor et Abdullah Shakir, sont également détenus et accusés de "sédition".
Les autorités reprochent à Khawar Mehdi Rizvi d'avoir organisé pour les journalistes français un faux reportage sur les activités de groupes armés taliban à la frontière avec l'Afghanistan.
Selon les déclarations de Marc Epstein et Jean-Paul Guilloteau, les deux reporters de L'Express, les cassettes vidéo retrouvées par les services de sécurité contiennent des images prises par Marc Epstein et destinées au site Internet du magazine français. Les deux reporters ont réaffirmé qu'ils avaient bien été en contact avec un groupe armé taliban dont le chef, Abdullah Shakir, vivait à Rawalpindi. A aucun moment, l'intention des trois reporters n'a été de ternir l'image du Pakistan.
L'avocat du journaliste, Abid Saqi, compte déposer une demande de libération sous caution le 29 janvier.
Le Comité de soutien international à Khawar Mehdi est composé de journalistes pakistanais, de reporters des médias français France 2, TF1, Le Monde, Libération, L'Express, des quotidiens américains The New York Times et Chicago Tribune et de Reporters sans frontières.
Les trois journalistes avaient été arrêtés le 16 décembre 2003 à Karachi.
Il y a plus de 14 ans, Reporters sans frontières mettait en place le " parrainage " et appelait les médias internationaux à soutenir un journaliste emprisonné. 200 rédactions dans le monde soutiennent ainsi un confrère en demandant régulièrement sa libération aux autorités concernées et en médiatisant sa situation pour que son cas ne tombe pas dans l'oubli.
Khawar Mehdi Rizvi est ainsi soutenu par : Radio Classique.