Journaliste menacé de mort, le dernier abus des militaires congolais
Reporters sans frontières (RSF) condamne les menaces de mort proférées par un militaire à l’encontre du journaliste Maghaniryo L’Katé, directeur de la Radio télévision Graben Kasindi. L’organisation demande aux autorités congolaises d’assumer leur rôle de protection des journalistes.
Parce qu’il a diffusé des informations sur la fraude douanière qui sévit aux abords de la ville de Kasindi et dans laquelle serait impliquée l’unité du capitaine de l’armée régulière des FARDC, Fredy Kangela, Maghaniryo L’Katé a non seulement été menacé par téléphone le lundi 21 mars dernier mais il a également été convoqué le lendemain au bureau du capitaine.
Par prudence, le journaliste s’est présenté accompagné de témoins, ce qui n’a nullement empêché l’officier de déclarer, devant une dizaine de personnes: “Je vais te tuer comme on a fait pour Norbert Zongo” (journaliste burkinabé assassiné en 1998 alors qu’il enquêtait sur la mort du chauffeur de François Compaoré, frère du président de l’époque) et de menacer le journaliste de représailles s’il propageait à nouveau des informations sur les militaires.
“Ce genre d’abus de pouvoir par les militaires est tout simplement inacceptable, déclare Reporters sans frontières. Nous rappelons aux autorités congolaises que la protection des journalistes relève de leur responsabilité. Nous demandons une enquête pour que toute la lumière soit faite sur cette affaire qui porte une atteinte grave à la liberté d’information.”
En RDC, la situation de la liberté d’information se dégrade ces derniers temps comme l’attestent notamment la fermeture de trois médias de Lubumbashi depuis le début de l’année et le black-out imposé aux médias du Nord-Kivu. Par ailleurs, un journaliste arrêté au Nord Kivu le 5 mars dernier est toujours derrière les barreaux, sans avoir encore vu un juge.
La RDC est classée 150ème sur 180 pays au Classement mondial sur la liberté de la presse établi en 2015 par RSF.