Israël : un photographe délibérément visé par une grenade assourdissante
Un photographe israélien a été délibérément visé par une grenade assourdissante et un autre interpellé, alors qu’ils couvraient une intervention policière dans un quartier palestinien de Jérusalem-Est. RSF dénonce une entrave au droit d’informer.
Sa caméra a tout enregistré. Le soir du 28 août, alors qu’il couvrait une intervention policière dans le quartier palestinien d’Issawiya à Jérusalem-Est, le photographe du quotidien israélien Haaretz, Emil Salman, filme un groupe de quatre policiers en opération. Ses images montrent l’un d’eux le désigner du doigt et un deuxième lancer dans la foulée une grenade assourdissante en sa direction. A ce moment là, Emil Salman se trouvait seul dans la rue et avait été identifié comme journaliste : “Les policiers ont vu que j’avais une grande caméra et ils m’avaient déjà croisé. Il n’y avait pas de confusion possible sur le fait que je sois journaliste“, explique-t-il dans les colonnes de son journal. Le photographe a juste eu le temps de se décaler et d’éviter la grenade qui a explosé au sol.
Le porte-parole des forces de police explique que les journalistes avaient été “priés d’évacuer la zone en raison du risque pour leur vie” mais assure que “ la police permet et continuera de permettre l’activité journalistique des médias à Issawiya”.
“Viser délibérément un journaliste d’une grenade assourdissante, et risquer de le blesser, au prétexte d’assurer sa sécurité est aussi absurde que contraire au droit d’informer”, déplore le bureau Moyen-Orient de RSF, qui dénonce une entrave patente à l’exercice journalistique.
La même soirée, une équipe de Channel 13 a également été sommée de quitter les lieux, avant que l’un d’entre eux, le reporter Yossi Eli, se fasse interpeller. Il a été relâché une demi-heure plus tard, sur suggestion d’un officier affirmant : “Il est Israélien, laissons le partir”, tout en étant menacé d’être de nouveau arrêté, s’il ne quittait pas le quartier d’Issawiya.
Israël occupe la 88e place sur 180 au Classement mondial de la liberté de la presse, publié chaque année par RSF.