Israël éradique le journalisme à Gaza : dix journalistes tués en trois jours, 48 depuis le début de la guerre
Avec une dizaine de journalistes tués à Gaza en 72h, portant à 48 le nombre total de reporters décédés, la situation est catastrophique pour les journalistes palestiniens enfermés dans l’enclave. Au regard du refus d'Israël de prendre en compte les appels à la protection des journalistes sur place, Reporters sans frontières (RSF) alerte sur une éradication du journalisme à Gaza.
C’est le week-end le plus meurtrier pour les professionnels de l'information depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas le 7 octobre. En trois jours seulement, du 18 au 20 novembre, dix journalistes palestiniens ont péri à Gaza – dont au moins trois dans le cadre de leurs fonctions. Cela porte à 48 le nombre total de journalistes tués par des frappes israéliennes à Gaza – dont 11 en raison de leur mission d’informer le monde de l’actualité –, selon les informations recueillies à ce jour par RSF.
“Les forces israéliennes ont tué près de 50 journalistes en 45 jours à Gaza, dont 11 dans le cadre de leurs fonctions : l'un des bilans les plus meurtriers de ce siècle. Les journalistes internationaux ont interdiction d'y entrer. Les reporters sur place n’ont pas de refuge sûr et n’ont aucun moyen de sortir de l’enclave. Ils sont tués les uns après les autres. Depuis le 7 octobre, le territoire palestinien subit ainsi une véritable éradication du journalisme. Nous exhortons la communauté internationale à intervenir pour protéger les journalistes sur place, à ouvrir la porte de Rafah, et à permettre aux reporters internationaux d'y entrer.
Parmi les dix journalistes tués entre le 18 et le 20 novembre, au moins trois d’entre eux l’ont été dans le cadre de leurs fonctions ou en raison d’elles. Le 18 novembre, le directeur de l’agence de presse palestinienne en ligne Quds News, Hassouna Sleem, et le photojournaliste indépendant Sary Mansour ont été tués lors d'un assaut israélien contre le camp de réfugiés de Bureij, dans le centre de la bande de Gaza. Selon les informations de RSF, les deux reporters avaient reçu une menace de mort en ligne, 24 heures auparavant, pour des motifs liés à leur métier.
Le lendemain, le matin du 19 novembre, alors qu’il tentait d’évacuer la ville de Gaza City, depuis le quartier de Zeitoun, le journaliste Bilal Jadallah a été tué par une frappe israélienne qui a touché directement sa voiture. Il était une figure de la presse palestinienne et occupait notamment les fonctions de président du conseil d'administration de Press House-Palestine, organisation qui soutient les médias et les journalistes indépendants à Gaza.
Du nord au sud, Gaza est un cimetière de journalistes
Le drame de ces derniers jours porte à 48 le nombre de journalistes tués depuis le 7 octobre à Gaza, dont 11, à ce jour, dans l’exercice de leurs fonctions selon les informations de RSF. Si la plupart de ces crimes ont été commis dans le nord de Gaza, où les forces israéliennes ont concentré leurs attaques, au moins cinq journalistes ont été tués dans le sud de l’enclave, notamment dans les villes de Rafah et de Khan Younès, où une grande partie de la population du territoire s'est réfugiée. La majorité des journalistes ont été tués avec des membres de leur famille lors de frappes qui ont touché leurs domiciles.