Iran : RSF dénonce la condamnation inique de la journaliste ayant interviewé le père de Mahsa Amini
Reporters sans frontières (RSF) déplore la condamnation sans procès de la journaliste Nazila Maroufian à deux ans de prison avec sursis pour “propagande contre le régime” et “propagation de fausses nouvelles”.
La journaliste Nazila Maroufian a été condamnée à deux ans de prison avec sursis pour “propagande contre le régime” et “propagation de fausses nouvelles” le 28 janvier 2023, par la 26e chambre du tribunal révolutionnaire. “J'ai été condamné à deux ans de prison, à une amende de 15 millions de rials iraniens (environ 320 euros) et à une interdiction de quitter le pays pendant cinq ans" a déclaré la journaliste de Rouydad24 depuis son compte Twitter, en précisant que cette décision avait été rendue sans audience ni défense.
“Cette condamnation arbitraire contre une journaliste ayant tenté de faire la lumière autour des circonstances de la mort de Mahsa Amini est affligeante au plus haut point, affirme le responsable du Bureau Moyen-Orient de RSF, Jonathan Dagher. Nous appelons à l'arrêt immédiat de ces simulacres de justice qui ont pour objectif de bâillonner la voix des journalistes et demandons la libération immédiate des 38 journalistes iranien actuellement emprisonnés”.
Nazila Maroufian a été ciblée par les autorités iraniennes après avoir publié un interview du père de Mahsa Amini sur le site d’information de Mostaghel Online, le 19 octobre 2022. L’article, intitulé “Le père de Mahsa Amini : ‘ils mentent’”, réfutait la version de la mort de la jeune kurde iranienne véhiculée par les autorités, qui attribuait sa mort à des problèmes de santé cachés. Dans cet article, la journaliste, originaire de la ville natale de Mahsa Amini, Saqqez (province iranienne du Kurdistan) affirmait que la jeune femme avait reçu un coup fatal lors de sa garde à vue pour infraction au code vestimentaire du pays. Le site Mostaghel Online a depuis retiré le texte. La journaliste avait été arrêtée le 30 octobre 2022, puis emprisonnée dans la prison de Qarchak pour une durée de 71 jours, avant d'être libérée le 9 janvier 2023, trois semaines avant l’annonce de cette condamnation arbitraire.
D’autres femmes journalistes ayant enquêté sur la mort de Mahsa Amini sont dans l’attente d’un jugement. Les cas de Niloofar Hamedi et d’Elahe Mohammadi, les premières journalistes ayant attiré l’attention du public sur sa mort d, sont particulièrement inquiétants : derrière les barreaux depuis bientot 5 mois, elles sont poursuivies pour des accusations pouvant mener à la peine de mort.