Iran : quatre journalistes condamnés à un total de 30 ans de prison
Quatre journalistes iraniens ont été condamnés à de lourdes peines, allant de un à 23 ans de prison ferme. RSF demande l’annulation de condamnations injustes et disproportionnées et dénonce la répression continue du régime envers les journalistes.
Un, deux et demi, trois, et 23 ans…. C’est le nombre d’années de prison auxquelles ont été respectivement condamnés les journalistes Porya Alami, Tahereh Riahai, Alieh Motalebzadeh et Kiomars Marzban. L’ensemble de ces peines ont été assorties d’une interdiction de sortir du pays et de pratiquer des activités sociales ou journalistiques.
Kiomars Marzban, exilé en Malaisie depuis 2009, était revenu dans son pays pour voir sa mère malade. Il a été arrêté par le ministère des Renseignements en juillet 2018, et accusé de « collaboration avec les Etats ennemis », « insulte envers des sacrés religieux », « activités contre le régime » et « insulte envers le guide suprême et le fondateur de la République islamique ». En août 2019 il a été condamné à 23 ans de prison ferme par la 15e chambre des Tribunaux de la révolution de Téhéran. Sa peine a été confirmée en appel, mais une loi adoptée en 2015 prévoit qu’un accusé condamné pour plusieurs délits ou crimes ne purge que la peine principale. Par conséquent, le journaliste devra passer 11 ans derrière les barreaux.
Tahereh Riahai, la responsable des pages sociales de Borna news a, pour sa part, été condamnée à 30 mois de prison ferme. Arrêté le 27 décembre 2016, par des agents en civil du ministère des Renseignements, la journaliste a été pendant des mois confinée à l’isolement dans la section 209 de la prison d’Evin, avant d’être libérée provisoirement six mois plus tard après le versement d’une caution de 300 millions toman (environs 270 000 euros) en attendant son jugement.
Alieh Motalebzadeh, photo-journaliste, vice-présidente de l’Association pour la défense de la liberté de la presse, a été condamnée à trois ans de prison ferme par le 26e tribunal de la révélation de Téhéran, pour « réunion et complot contre la sécurité nationale ». Le 14 octobre dernier, la journaliste a été informée de la confirmation de sa condamnation par la 36e chambre de la tribunal d’appel. Arrêtée le 26 novembre 2016, Alieh Motalebzadeh, qui est également une militante des droits des femmes, a été libérée provisoirement après le versement d’une caution de 300 millions toman (environs 270 000 euros) en attendant son jugement.
Porya Alami, journaliste pour le quotidien Shargh faisait partie des personnes arrêtées lors de la rafle qui s’est produite dans les milieux journalistiques de la capitale, en janvier 2013. Douze journalistes avaient été arrêtés en l’espace de vingt-quatre heures. La plupart avait été libérés un mois plus tard, avant d’être tous condamnés à de lourdes peines de prison. Selon l’avocat de Porya Alami, Me Kaveh Rezvani, le journaliste avait été initialement, condamné par le 26e chambre des Tribunaux de la révolution à cinq ans prison avec sursis, mais la 36e chambre du tribunal d’appel a obtenu une condamnation à un an de prison ferme. L’avocat a demandé le renvoie de ce dossier à la Haute Cour de Justice.
RSF a par ailleurs appris la libération provisoire le 14 octobre 2019 de Noushin Jafari, suite au versement d’une caution en attendant son jugement. Accusée de détenir un compte Twitter « insultant les valeurs sacrées de l’islam », Noushin Jafari a été arrêtée le 3 août dernier.
L’Iran se situe à la 170e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse 2019 de RSF.