Iran : le directeur du site AmadNews subit un procès inéquitable qui met sa vie en danger
Reporters sans frontières (RSF) exprime sa plus grande inquiétude face au procès de Rouhollah Zam, directeur du site d’information AmadNews, qui a débuté à Téhéran le 10 février. Dix-sept chefs d’inculpation ont été retenus contre lui, dont certains sont passibles de la peine capitale selon la loi islamique.
Enlevé 12 octobre 2019 en Irak par des gardiens de la révolution iranienne et emmené de force en Iran, Rouhollah Zam est jugé depuis le 10 février devant la 15e chambre du tribunal de la révolution de Téhéran. Les photos publiées par des médias proches du pouvoir, qui ont assisté à la première audience, révèlent la présence d’agents de sécurité au visage masqué et une salle de tribunal vide.
Rouhollah Zam, visiblement fatigué, est assis face au juge Aboulghasem Salevati, connu pour être l’un des pires « bourreaux » des journalistes iraniens. Aucun avocat de la défense ne semble présent dans la salle. Dix-sept chefs d’inculpation ont été retenus contre lui, dont celui « d’espionnage» et de « corrupteur de la terre », qui vient de l’expression coranique “Môfsed-e-Fel'Arz "; et qui correspond à une des accusations les plus graves utilisées par les tribunaux révolutionnaires, elle sous-entend que c’est l’âme et tout l’être de la personne jugée qui est coupable du crime reproché. Ces deux chefs d’inculpations sont passibles de la peine de mort.
Selon ses proches, le directeur du site AmadNews, aurait reçu un « conseil » des autorités: «n’aggrave pas ton cas, ne demande pas d’avocat » - une phrase entendue par de nombreux prisonniers d’opinion, dont des journalistes, pendant leurs interrogatoires.
Les accusés jugés par les tribunaux révolutionnaires sont privés de leurs droits élémentaires. Les lois officielles iraniennes estiment d’ailleurs que ces tribunaux sont illégaux.
« L’intégrité et la vie de Rouhollah Zam sont menacées par un procès inique, s’alarme Reza Moini, responsable de la zone Iran-Afghanistan à RSF. RSF demande à la rapporteur spécial des Nations Unies sur les exécutions extrajudiciaires, Agnes Callamard,, au président du Groupe de travail sur la détention arbitraire Seong-Phil Hong, et au rapporteur spécial sur la situation des droits de l'homme en Iran, Javaid Rehman, d'intervenir rapidement sur ce cas”.
Personnage controversé, Rouhollah Zam aurait, selon certaines sources, été manipulé à plusieurs reprises par les services de renseignements iraniens, et aurait ainsi publié de fausses informations. Mais Amadnews a également diffusé des révélations embarrassantes pour le régime et son guide suprême Ali Khamenei. Pendant les grandes manifestations de décembre 2017, le site comptait près de 1,4 million d'abonnés.
L’Iran se situe à la 170e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse 2019 de RSF