Irak : deux journalistes tués par balle en couvrant les manifestations
Deux journalistes irakiens ont été assassinés par balle à Bassora, dans le sud-est du pays, en marge d’une manifestation contre le pouvoir. RSF dénonce un environnement de travail devenu fatal pour les journalistes locaux qui informent sur la situation politique du pays.
Alors que des milliers d’Irakiens manifestaient à travers le pays vendredi 10 janvier 2020 répondant à un appel lancé sur les réseaux sociaux, le correspondant à Bassora (sud-est de l’Irak) de la chaîne locale Dijlah TV, Ahmad Abdelsamad, a été assassiné d’une balle dans la tête. Le caméraman qui l’accompagnait, Safaa Ghali, lui aussi visé par des tirs est mort des suites de ses blessures après avoir été transporté à l’hôpital. Tous deux se trouvaient dans une voiture et revenaient d’un reportage sur ces manifestations.
Au total, cinq journalistes ont été assassinés en Irak depuis le début du mouvement de protestation contre le gouvernement, qui a éclaté le 1er octobre. Tous ont en commun d’avoir été visés par un tir de provenance inconnue.
“Couvrir des manifestations en Irak et exposer la répression des forces de sécurité est désormais synonyme de danger de mort, s’insurge Sabrina Bennoui, responsable du bureau Moyen-Orient de Reporters sans frontières (RSF). Les journalistes irakiens disparaissent les uns après les autres, les crimes restent impunis et aucune enquête sérieuse n’a été conduite par les autorités irakiennes.”
Quelques heures avant son assassinat, Ahmad Abdelsamad avait publié une vidéo dans laquelle il dénonçait des “arrestations arbitraires de l’armée et des forces de sécurité” à l’issue de la manifestation.
Fouad Al-Halfi, correspondant de la chaîne Al-Ghadeer, Mohamad Al-Fartousi, cameraman de Reuters, et Ahmad Raed, photographe pour Al-Sharqiyah, ont été arrêtés puis relâchés par les forces de sécurité. Le sort du photojournaliste Mamoun Mohamad, également arrêté, reste incertain.
La police a par ailleurs empêché Mustafa Shaheen, reporter pour la radio Al-Mirbad, de couvrir les manifestations, après avoir détruit son appareil photo, et menacé de l'arrêter s'il poursuivait sa couverture des événements.
L’Irak occupe la 156e place au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF.