Inquiétude sur deux journalistes emprisonnés - Le plus grand tirage de la presse iranienne suspendu
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Le quotidien Hamshahri, le plus grand tirage de la presse iranienne, est suspendu pour dix jours à compter du 23 janvier. Par ailleurs, les familles des journalistes Ali-Reza Jabari et Alireza Eshraghi, arrêtés ces dernières semaines, sont sans nouvelles d'eux.
Reporters sans frontières demande aux autorités iraniennes la libération des deux journalistes ainsi que la réouverture immédiate de Hamshahri et des autres titres suspendus depuis le début de l'année. Pas moins de cinq titres ont, en effet, été sanctionnés depuis le 1er janvier. "On ne peut que s'alarmer de cette offensive qui vise les journaux les plus populaires. Nul doute que la justice a utilisé un prétexte fallacieux pour punir Hamshahri. Si les durs du régime poursuivent ces attaques, tout laisse à penser que la presse non-conservatrice de ce pays va tout simplement finir par disparaître", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières. L'organisation demande également la libération de sept autres journalistes actuellement incarcérés. L'Iran est aujourd'hui la plus grande prison du Moyen-Orient pour les journalistes.
Le quotidien Hamshahri est suspendu pendant dix jours pour avoir refusé de publier un droit de réponse d'Ali-Reza Mahjoub, secrétaire général de la Maison de l'ouvrier, syndicat officiel des travailleurs. Cible privilégiée des autorités, ce journal avait déjà été interdit de distribution en dehors de la capitale, sous prétexte qu'il appartenait à la ville de Téhéran. Dans le même temps, Taban, un titre de la province de Gazvin (nord du pays), a été également suspendu temporairement. Depuis le 1er janvier, les quotidiens Hayat-é-No, Bahar et Nowrooz ont été suspendus par la justice.
On est, par ailleurs, toujours sans nouvelles de deux journalistes emprisonnés. Depuis le 12 janvier, Alireza Eshraghi, journaliste de Hayat-é-No, est détenu à la prison d'Evine (Téhéran). Son arrestation et la fermeture du journal sont intervenues après la publication d'une caricature, le 8 janvier dernier. Cette dernière représentait un homme âgé, à la barbe blanche, vêtu d'une longue robe noire et assis par terre, avec le pouce d'une main géante pressant sur sa tête (et l'inscription "Roosevelt" sur la manche). La caricature illustrait un entretien avec un professeur en sciences sociales sur le thème de l'effondrement social. Ce dessin, pris sur un site officiel américain, avait été publié en 1937 dans un journal américain pour illustrer les pressions du président Roosevelt sur la Cour suprême américaine. Le 19 janvier, des agents du ministère des Renseignements ont conduit le journaliste à son bureau qui a été perquisitionné. Le même jour, Akram Didari, journaliste de Hayat-é-No, a été convoqué par le tribunal du clergé.
Le 28 décembre 2002, Ali-Reza Jabari, traducteur et collaborateur de plusieurs journaux indépendants dont Adineh, a été arrêté à son bureau par des personnes en civil. Le lendemain, son épouse s'est rendue à Adareh Amaken, une section de la police téhéranaise considérée comme proche des services de renseignements, qui avait convoqué de nombreux journalistes durant les dernières semaines. Là, on lui a répondu qu'aucune personne du nom de Ali-Reza Jabari n'avait été arrêtée. Même réponse au commissariat de police. Le 25 décembre 2002, une interview de Ali-Reza Jabari était paru dans Charvand, publication persophone basée au Canada, dans laquelle il expliquait notamment que le Guide la République islamique voulait que la crise dégénère dans tout le pays. Sa femme, qui est sans nouvelles de lui, est d'autant plus inquiète que son époux souffre de problèmes cardiaques. Ali-Reza Jabari, membre de l'Association des écrivains iraniens, est l'auteur de nombreuses traductions en anglais d'ouvrages dont certains ont été interdits.
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20.01.2016