Informer à Gaza : les journalistes palestiniens témoignent pour RSF (vidéo)
À Gaza, les journalistes sont coincés dans une prison à ciel ouvert de 40 kilomètres de long, pris en étau dans une zone pilonnée sans relâche, quand ce ne sont pas leurs bureaux ou eux-mêmes qui sont visés. Au milieu de cette tragédie d’une ampleur inédite, dans des conditions de vies et d’exercice du métier des plus difficiles, des reporters continuent d’informer. Pour RSF, ils témoignent.
"Nous sommes sous pression en permanence avec les frappes aériennes, terrestres et maritimes partout.
Journaliste, Adel Al Zaanoon est le correspondant de l’Agence France-Presse (AFP) à Gaza depuis 27 ans. Alors que les frappes aériennes sur Gaza se sont intensifiées, il a dû quitter sa maison pour fuir vers le sud de la zone, près de Rafah. C’est lors d’une nouvelle frappe, que sa femme, également journaliste et correspondante pour RSF, s’est blessée. Adel Al Zaanoon raconte, pour RSF, ce quotidien fait de peur et d’obstacles permanents pour parvenir à se procurer le minimum vital. Il décrit aussi comment il continue d’exercer son métier en temps de guerre à Gaza.
“Il n'y a de sécurité nulle part dans la bande de Gaza , ni au nord, ni au sud, ni au centre.
Pour RSF, Ola Al Zaanoon partage son quotidien et les défis auxquels les journalistes sont confrontés pour transmettre l'information depuis Gaza, depuis le début de la guerre le 7 octobre 2023. Forcée par l’ordre d’évacuation de l'armée israélienne de quitter son domicile, au nord de la bande de Gaza, Ola s'est réfugiée, avec son mari – le journaliste et correspondant de l’Agence France-Presse (AFP) Adel Al Zanoon – et leurs jumeaux, au sud du territoire, à Khan Younès le 13 octobre dernier. Blessée à la jambe le 24 octobre alors qu’elle fuyait une frappe, elle a dû se rendre à l'hôpital Nasser pour être soignée. C’est d’ailleurs près de cet hôpital que les journalistes ont dressé des tentes pour travailler grâce à l’accessibilité, dans cette zone, à Internet et à l’électricité.
"En tant que journalistes, nous témoignons de scènes sanglantes qui laissent des traces indélébiles sur nos âmes, que ce soit les bombardements ou leurs conséquences.
Le journaliste Hani Al Shaer doit rester travailler dans l’enceinte de l'hôpital Nasser de Khan Younès afin d’avoir accès à l'électricité et à une connexion Internet. Et à cause des difficultés de déplacements en raison des bombardements, il ne peut donc quasiment jamais voir sa famille.
Il décrit une “situation épouvantable”, avec des “bombardements indiscriminés” et “intensifs” touchant les bureaux de plusieurs médias et tuant “en moyenne”, “un ou deux journalistes” chaque jour dans la bande de Gaza. Il témoigne de l’épuisement physique et psychologique ainsi que des souffrances des journalistes, confrontés à des menaces directes et à des difficultés quotidiennes qu’ils partagent avec le reste de la population.