Inde : un journaliste retrouvé mort après avoir couvert de violentes manifestations paysannes
Le reporter Raman Kashyap est mort des suites de ses blessures, peu de temps après de violents incidents survenus lors d’une manifestation qu’il couvrait. Reporters sans frontières (RSF) réclame la mise en place d’une enquête indépendante pour comprendre les circonstances exactes de sa mort et traduire en justice les coupables.
Ses proches l’ont retrouvé mort à la morgue. La veille, dimanche 3 octobre, le reporter indépendant, Raman Kashyap, qui travaillait régulièrement pour la chaîne Sadhna Prime News, avait disparu, après avoir couvert une manifestation d’agriculteurs dans la ville de Lakhimpur Kheri, dans l’État de l’Uttar Pradesh, dans le nord de l’Inde. Cette manifestation a basculé dans la violence à l’arrivée du convoi officiel accompagnant le secrétaire d’État rattaché au ministère de l’Intérieur indien, Ajay Kumar Mishra. Bloqué par les manifestants, trois voitures du convoi ont avancé sur la foule, écrasant plusieurs personnes. Présent sur les lieux, le journaliste aurait alors été blessé avant de succomber à ses blessures peu de temps après.
Les circonstances exactes de la mort de Raman Kashyap restent toutefois encore floues. La famille du reporter, qui a constaté à la morgue les traces de ses blessures, a estimé auprès du site d’information The Wire qu’il avait été fauché par une des voitures et a annoncé avoir porté plainte contre Ashish Mishra. Le fils du secrétaire d’État Ajay Kumar Mishra est en effet accusé par plusieurs témoins d’avoir conduit l’une des voitures ayant foncé sur la foule. Une version contestée par son père, qui accuse les manifestants de lynchage et affirme que son fils n’était pas sur les lieux.
Des reporters sur place ont quant à eux expliqué avoir vu des militants politiques rouer Raman Kashyap de coups alors qu’il enregistrait une vidéo, a rapporté le rédacteur en chef au Telegraph India. Les conclusions de l’autopsie, qui n’ont pas encore été dévoilées, devraient permettre de démêler ces différentes versions. Le comportement de la police est également critiqué pour ses négligences dans le maintien de l’ordre et sa lenteur à amener le journaliste blessé à l’hôpital.
“Après Sulabh Srivastava en juin dernier, c’est la deuxième fois de l’année qu’un journaliste est retrouvé mort, le corps couvert de blessures et où le rôle des autorités est plus que troublant, dénonce la porte-parole de RSF, Pauline Adès-Mével. RSF exige qu’une enquête approfondie soit menée en toute indépendance pour déterminer les causes précises de la mort de Raman Kashyap et punir ses responsables.”
À la suite de ces violences qui ont fait neuf morts, le réseau Internet a été coupé pendant trois jours dans le district de Lakhimpur Kheri, avant d’être rétabli le soir du mardi 5 octobre.
Raman Kashyap est le troisième journaliste indien à être tué en raison de son travail au cours des quatre derniers mois. En août, le reporter Chenna Kesavulu a été poignardé par un policier corrompu suite à une de ses enquêtes ; en juin, Sulabh Srivastava a été retrouvé mort au bord d’une route de Pratapgarh, également situé en Uttar Pradesh.
L’Inde occupe la 142e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi en 2021 par RSF.